Le mois de mai est propice aux déplacements touristiques. Avec une voiture en bon état de marche je partais confiant avec un équipage camerounais. La veille mon téléphone portable et quelques uns de mes papiers s'étaient envolés dans une autre poche que la mienne. Très contrarié et après avoir récupéré un nouvel appareil grâce aux miracles d'une "Makala partie" (la petite corruption du quotidien), nous partîmes avec 2 heures de retard sur l'horaire initial. Suis-je en train de me mettre aux pratiques camerounaises ?
Nous prenons la route de Kribi. Guy va vite. Il veut rattraper le temps perdu. A une cinquantaine de kilomètres de Kribi et au moment où nous roulons dans un bruit d'enfer à 140 km/h le moteur prend peine et une forte odeur de brûlé survient. La malédiction continue... Une courroie de transmission vient de casser. Heureusement, il ne s'agissait pas d'un élément vital car c'était dû à la climatisation du véhicule (largement insuffisante d'ailleurs) et nous pûmes repartir jusqu'à Kribi. Guy a eu du mal à tenir les 90 km/h que je souhaitais lui imposer...
Ah Kribi !!! La Riviera du Cameroun. L'endroit où il faut être pour se montrer en boîte de nuit, manger du poisson et traîner sur les plages de Grand Batanga. Bon, c'est aussi là qu'il faut particulièrement lire le menu d'une carte de restaurant et les prix indiqués. Les surprises sont permanentes. On peut vous afficher du "Ndolé" à 2 500 fcfa puis par acte magique (d'autres diraient par sorcellerie), il se transforme en plat à 5 000 fcfa parce que ce "Ndolé à la viande là il a été dure à préparer..." 20 minutes de discussion ont permis de garder le même prix. Alors bien sûr, il a fallu entendre la patronne métisse gémir qu'elle devait payer des impôts et que décidémment si les blancs s'y mettent pour tout contester comme les camerounais forcément le "pays ira mal".
Ce bon repas de 17 heures nous donna assez de force pour aller se baigner à la nuit tombée. Victime probable d'un acte vaudou, la malédiction me poursuivit car la baignade en pleine nuit noire est superbe sauf lorsque l'on a choisit un des seuls endroits ou l'on trouve des rochers désagréables sous l'eau. Malgré tout, revoir la mer après une si longue absence m'a satisfait. La soirée fût calme après 2 bonnes bières et un bon poisson dans la "rue de la joie".
Départ le lendemain matin vers Ebodjé. L'objectif initial était Campo. Mais les délais de préparation se sont révélés, comme d'habitude trop longs. Il nous manquait une bonne heure pour parcourir toute la distance. Conduire la nuit sur une piste n'est pas très pratique... et le soir tombe vers 18h30 à toute saison.
Le détour vers les chutes de la Lobé était nécessaire. Le site est beau quoique moins sauvage et beaucoup plus touristique que les chutes de Naschtigal. Les pirogues permettant de faire le tour restent malgré tout très modestes et l'ensemble organisé de façon artisanale.
Avec un arrêt supplémentaire dans un petit restaurant de la plage pour commander des crevettes et des bars à notre retour, le retard s'amplifia. Là également, la discussion fût longue. L'unité de valeur étant l'avant bras pour déterminer la taille des poissons, le débat porta vite sur la notion de taille "standard" d'un avant-bras... Celui de Guy étant jugé "trop gros" par le restaurateur, il ne pouvait être choisit comme échelle de mesure de la "coudée"... le système métrique ne vaut rien, lorsque l'on n'a pas de mètre. Le corps, lui, ne ment pas. Trois poissons d'une bonne longueur et un plat de crevettes vu l'affaire faite.
Les 2 heures de piste sur cette "nationale" ont été assez difficiles un peu comme d'habitude à vrai dire... Le voyage se mérite mais la récompense est belle. Plages de sables blancs, forêt tropicale qui tombe dans la mer, pirogues de pécheurs prêtent à partir. Seule l'exigence du retour avant la nuit tombée nous fîmes quitter cet endroit.
16h30. La table était dressée au bord de mer. La malédiction devait continuer. La discussion sur la "coudée" n'avait servi à rien. A la place de trois beaux bars, je vis six poissons de la taille de modestes maquereaux. Un évènement exceptionnel arriva. Je m'énerva véritablement en disant au restaurateur du dimanche qu'il fallait arrêter de prendre les touristes (je voulais dire les blancs) pour des portefeuilles ambulants (et plus clairement pour des c...) Peine perdu car il se contenta de me répondre que le "blanc" d'a côté avait payer ses poissons 30 000 fcfa pièce et qu'il était très content. Je maudis les attachés militaires des ambassades qui ne savent rien négocier ! Bref, sentant le vent mauvais, le restaurateur du dimanche avait préalablement fait venir des "frêres" à lui comme outil de persuasion. Très efficace. Le vaudou est tenace. Je n'ai pas voulu aller plus loin et nous repartîmes en payant le prix initial non sans avoir mangé d'excellentes crevettes et du très bon bars de la taille de modestes maquereaux. Le corps ne ment pas mais il arrive que l'on puisse tricher avec, ce que ne permet pas le système métrique. La prochaine fois, je prendrai un décamètre avec moi.
Le trajet vers Douala se fît sans encombre avec toujours un bruit d'enfer dans la voiture qui manifestement venait de plus en plus de la boîte de vitesse. Un rapide tour en centre ville me permit de constater que la statue du Général Leclerc était toujours en place. Les maisons coloniales sont également là mais leur état se dégradent inéxorablement. Rien n'est meilleur à Douala que manger de délicieuses gambas sur la base navale. Je reviendrai à Douala, c'est certain. C'est une ville.
Il était temps de repartir vers Yaoundé après avoir acheter quelques oranges et pastèques. Toujours délicieuses. Je pensais la malédiction enfin écartée et le vaudou vaincu. Las, se fût l'embrayage de la boîte de vitesse qui cassa. Il est particulièrement difficile de conduire sans embrayage. Le démarrage en seconde est compliqué d'autant plus si les cosses de la batterie ne sont pas en bon état... un petit coup de marteau et puis s'en va. Les 80 kilomètres vers la capitale administrative du Cameroun furent placés sous le signe de la "tension". Guy joua remarquablement des coudes dans les bouchons à l'entrée de la ville et nous atteignîmes la maison. Ouf !!! Pour que la malédiction prenne fin je devais en payer la facture le lendemain matin. Ce fût fait. Le sort pris fin. Une personne m'appela pour me dire qu'elle avait retrouvé mes papiers... Au final, je n'ai perdu que mon téléphone portable dans l'affaire.
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