Avons-nous entendu parler de Gustav Nachtigal ? Les français devraient car c'est grâce à lui (ou par sa faute) que le Cameroun est devenu allemand à partir de 1884. Le chancelier Von Bismarck sut toujours trouver des hommes de circonstances pour mener à bien son dessein du "Grösse Deutchland" en Afrique. C'est sur la Sanaga que cette politique expansionniste trouva une traduction concrète.
La Sanaga est un des fleuves les plus importants du Cameroun avec près de 1 000 km de long. Les populations le nomment d'ailleurs le Djerem au Nord. Il est coupé par deux "chutes d'eau" dont l'une n'est pas très loin de Yaoundé. Pourtant c'est déjà la brousse...
Après avoir suivi une route dans un état irréprochable jusqu'à la ville d'Obala et croisés quelques zébus venant du Nord, de Ngaoundéré notamment, et marchant en groupe à l'abattoir... une piste s'ouvrit à notre gauche avec une perspective plutôt satisfaisante.
Evidemment, cela ne devait pas durer. C'est dans ces moments précis que l'on apprécie particulièrement d'être en possession d'un véhicule à quatre roues motrices... Donc, grandes flaques d'eau, ornières et croisements improbables avec des minibus de transport de passagers qui s'aventurent pour aller jusqu'à Ntui. Au passage je peux affirmer que sur les cartes ce chemin est identifié comme la route "Nationale" 15...
Nous atteignons enfin la Sanaga et son bac.
Nous sommes abordés de suite par un piroguier souhaitant nous emmener jusqu'aux chutes d'eau objet de notre petit périple. 10 000 fcfa pour 4 personnes dit le piroguier. Non dis-je. Alors 8 000 FCFA proposa le piroguier. Non dis-je à nouveau. Bon, 5 000 FCFA plus 1 000 FCFA pour la bière insista le piroguier. Va pour 6 000 FCFA confirmais-je. Ce n'était pas la peine de poursuivre cette discussion... et nous voilà partie en pirogue sur la Sanaga avec Guy, l'homme à la casquette qui me sert de chauffeur mais aussi et surtout d'homme à tout faire.
La visite fut décevante. Quelques cascades d'eau sans réelles importances qui me firent penser au lit du Gardon en saison "sèche". Bref, nous sentîmes qu'il y avait un problème. Eva m'indiqua qu'elle savait qu'il y avait un autre endroit d'où l'on pouvait admirer les "chutes". On repartit à la recherche de cet accès miraculeux. Au passage le piroguier chercha à nous faire croire qu'il n'avait pas la possibilité de rendre la monnaie sur un billet de 10 000 FCFA (cf la négociation). Il chercha un peu, on insista, il trouva. Il me prit également comme un policier français à cause de ma ceinture héritée de la Marine Nationale. En bon camerounais, je confirmais... le respect était désormais total.
Nous nous retrouvâmes donc sur la nationale 15. Au bout de 2 à 3 kilomètres sur notre gauche, un panneau particulièrement caché par la végétation indiquait "Ministère du Tourisme - Site Touristique des chutes de Nachtigal". Mais, au fait, pourquoi les chutes de Nachtigal. Tout simplement et comme vous avez pu le deviner notre cher aventurier découvrit ces chutes en 1885 et la première chose qu'il fit fut de planter un mat avec un drapeau allemand... à partir de ce moment, les alentours avaient changé de maître !
Au départ en voiture, puis à pied nous suivîmes ce chemin.
Au bout de 5 minutes, la certitude d'atteindre enfin, un plateau qui nous permettrait d'admirer dans toute leur beauté les chutes de Nachtigal. Je ne peux mettre que quelques photos mais cela vaut le détour...
Nous croisons quelques enfants qui pêchent... on se croirait en 1885. On ne voit même pas les installations du bac en contrebas. Aucun autre touriste à l'horizon que notre petit groupe. C'est cela le Cameroun : des sites naturels superbes, des conditions d'accès particulièrement compliquées et personne pour voir. Que peut-on espérer, que cela reste comme cela où que des cars d'allemands nostalgiques contribuent au "développement local" ?
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