mardi 29 mai 2012

Petite histoire africaine.

Regardez bien le tableau ci-dessous et dites moi ce que doit faire le petit singe pour échapper à cette situation dangereuse pour lui car il peut être mangé par le serpent, le lion ou le crocodile !!

La réponse est simple mais aussi très africaine dans la manière de pensée...


dimanche 27 mai 2012

Vers Ebodjé

Le mois de mai est propice aux déplacements touristiques. Avec une voiture en bon état de marche je partais confiant avec un équipage camerounais. La veille mon téléphone portable et quelques uns de mes papiers s'étaient envolés dans une autre poche que la mienne. Très contrarié et après avoir récupéré un nouvel appareil grâce aux miracles d'une "Makala partie" (la petite corruption du quotidien), nous partîmes avec 2 heures de retard sur l'horaire initial. Suis-je en train de me mettre aux pratiques camerounaises ?

Nous prenons la route de Kribi. Guy va vite. Il veut rattraper le temps perdu. A une cinquantaine de kilomètres de Kribi et au moment où nous roulons dans un bruit d'enfer à 140 km/h le moteur prend peine et une forte odeur de brûlé survient. La malédiction continue... Une courroie de transmission vient de casser. Heureusement, il ne s'agissait pas d'un élément vital car c'était dû à la climatisation du véhicule (largement insuffisante d'ailleurs) et nous pûmes repartir jusqu'à Kribi. Guy a eu du mal à tenir les 90 km/h que je souhaitais lui imposer...

Ah Kribi !!! La Riviera du Cameroun. L'endroit où il faut être pour se montrer en boîte de nuit, manger du poisson et traîner sur les plages de Grand Batanga. Bon, c'est aussi là qu'il faut particulièrement lire le menu d'une carte de restaurant et les prix indiqués. Les surprises sont permanentes. On peut vous afficher du "Ndolé" à 2 500 fcfa puis par acte magique (d'autres diraient par sorcellerie), il se transforme en plat à         5 000 fcfa parce que ce "Ndolé à la viande là il a été dure à préparer..." 20 minutes de discussion ont permis de garder le même prix. Alors bien sûr, il a fallu entendre la patronne métisse gémir qu'elle devait payer des impôts et que décidémment si les blancs s'y mettent pour tout contester comme les camerounais forcément le "pays ira mal".




Ce bon repas de 17 heures nous donna assez de force pour aller se baigner à la nuit tombée. Victime probable d'un acte vaudou, la malédiction me poursuivit car la baignade en pleine nuit noire est superbe sauf lorsque l'on a choisit un des seuls endroits ou l'on trouve des rochers désagréables sous l'eau. Malgré tout, revoir la mer après une si longue absence m'a satisfait. La soirée fût calme après 2 bonnes bières et un bon poisson dans la "rue de la joie".

Départ le lendemain matin vers Ebodjé. L'objectif initial était Campo. Mais les délais de préparation se sont révélés, comme d'habitude trop longs. Il nous manquait une bonne heure pour parcourir toute la distance. Conduire la nuit sur une piste n'est pas très pratique... et le soir tombe vers 18h30 à toute saison.

Le détour vers les chutes de la Lobé était nécessaire. Le site est beau quoique moins sauvage et beaucoup plus touristique que les chutes de Naschtigal. Les pirogues permettant de faire le tour restent malgré tout très modestes et l'ensemble organisé de façon artisanale.





Avec un arrêt supplémentaire dans un petit restaurant de la plage pour commander des crevettes et des bars à notre retour, le retard s'amplifia. Là également, la discussion fût longue. L'unité de valeur étant l'avant bras pour déterminer la taille des poissons, le débat porta vite sur la notion de taille "standard" d'un avant-bras... Celui de Guy étant jugé "trop gros" par le restaurateur, il ne pouvait être choisit comme échelle de mesure de la "coudée"... le système métrique ne vaut rien, lorsque l'on n'a pas de mètre. Le corps, lui, ne ment pas. Trois poissons d'une bonne longueur et un plat de crevettes vu l'affaire faite.

Les 2 heures de piste sur cette "nationale" ont été assez difficiles un peu comme d'habitude à vrai dire... Le voyage se mérite mais la récompense est belle. Plages de sables blancs, forêt tropicale qui tombe dans la mer, pirogues de pécheurs prêtent à partir. Seule l'exigence du retour avant la nuit tombée nous fîmes quitter cet endroit.






16h30. La table était dressée au bord de mer. La malédiction devait continuer. La discussion sur la "coudée" n'avait servi à rien. A la place de trois beaux bars, je vis six poissons de la taille de modestes maquereaux. Un évènement exceptionnel arriva. Je m'énerva véritablement en disant au restaurateur du dimanche qu'il fallait arrêter de prendre les touristes (je voulais dire les blancs) pour des portefeuilles ambulants (et plus clairement pour des c...) Peine perdu car il se contenta de me répondre que le "blanc" d'a côté avait payer ses poissons 30 000 fcfa pièce et qu'il était très content. Je maudis les attachés militaires des ambassades qui ne savent rien négocier ! Bref, sentant le vent mauvais, le restaurateur du dimanche avait préalablement fait venir des "frêres" à lui comme outil de persuasion. Très efficace. Le vaudou est tenace. Je n'ai pas voulu aller plus loin et nous repartîmes en payant le prix initial non sans avoir mangé d'excellentes crevettes et du très bon bars de la taille de modestes maquereaux. Le corps ne ment pas mais il arrive que l'on puisse tricher avec, ce que ne permet pas le système métrique. La prochaine fois, je prendrai un décamètre avec moi.

Le trajet vers Douala se fît sans encombre avec toujours un bruit d'enfer dans la voiture qui manifestement venait de plus en plus de la boîte de vitesse. Un rapide tour en centre ville me permit de constater que la statue du Général Leclerc était toujours en place. Les maisons coloniales sont également là mais leur état se dégradent inéxorablement. Rien n'est meilleur à Douala que manger de délicieuses gambas sur la base navale. Je reviendrai à Douala, c'est certain. C'est une ville.









Il était temps de repartir vers Yaoundé après avoir acheter quelques oranges et pastèques. Toujours délicieuses. Je pensais la malédiction enfin écartée et le vaudou vaincu. Las, se fût l'embrayage de la boîte de vitesse qui cassa. Il est particulièrement difficile de conduire sans embrayage. Le démarrage en seconde est compliqué d'autant plus si les cosses de la batterie ne sont pas en bon état... un petit coup de marteau et puis s'en va. Les 80 kilomètres vers la capitale administrative du Cameroun furent placés sous le signe de la "tension". Guy joua remarquablement des coudes dans les bouchons à l'entrée de la ville et nous atteignîmes la maison. Ouf !!! Pour que la malédiction prenne fin je devais en payer la facture le lendemain matin. Ce fût fait. Le sort pris fin. Une personne m'appela pour me dire qu'elle avait retrouvé mes papiers... Au final, je n'ai perdu que mon téléphone portable dans l'affaire.

jeudi 17 mai 2012

En cascade.

Avons-nous entendu parler de Gustav Nachtigal ? Les français devraient car c'est grâce à lui (ou par sa faute) que le Cameroun est devenu allemand à partir de 1884. Le chancelier Von Bismarck sut toujours trouver des hommes de circonstances pour mener à bien son dessein du "Grösse Deutchland" en Afrique. C'est sur la Sanaga que cette politique expansionniste trouva une traduction concrète.

La Sanaga est un des fleuves les plus importants du Cameroun avec près de 1 000 km de long. Les populations le nomment d'ailleurs le Djerem au Nord. Il est coupé par deux "chutes d'eau" dont l'une n'est pas très loin de Yaoundé. Pourtant c'est déjà la brousse...

Après avoir suivi une route dans un état irréprochable jusqu'à la ville d'Obala et croisés quelques zébus venant du Nord, de Ngaoundéré notamment, et marchant en groupe à l'abattoir... une piste s'ouvrit à notre gauche avec une perspective plutôt satisfaisante.


Evidemment, cela ne devait pas durer. C'est dans ces moments précis que l'on apprécie particulièrement d'être en possession d'un véhicule à quatre roues motrices... Donc, grandes flaques d'eau, ornières et croisements improbables avec des minibus de transport de passagers qui s'aventurent pour aller jusqu'à Ntui. Au passage je peux affirmer que sur les cartes ce chemin est identifié comme la route "Nationale" 15...

Nous atteignons enfin la Sanaga et son bac.


Nous sommes abordés de suite par un piroguier souhaitant nous emmener jusqu'aux chutes d'eau objet de notre petit périple. 10 000 fcfa pour 4 personnes dit le piroguier. Non dis-je. Alors 8 000 FCFA proposa le piroguier. Non dis-je à nouveau. Bon, 5 000 FCFA plus 1 000 FCFA pour la bière insista le piroguier. Va pour 6 000 FCFA confirmais-je. Ce n'était pas la peine de poursuivre cette discussion... et nous voilà partie en pirogue sur la Sanaga avec Guy, l'homme à la casquette qui me sert de chauffeur mais aussi et surtout d'homme à tout faire.



La visite fut décevante. Quelques cascades d'eau sans réelles importances qui me firent penser au lit du Gardon en saison "sèche". Bref, nous sentîmes qu'il y avait un problème. Eva m'indiqua qu'elle savait qu'il y avait un autre endroit d'où l'on pouvait admirer les "chutes". On repartit à la recherche de cet accès miraculeux. Au passage le piroguier chercha à nous faire croire qu'il n'avait pas la possibilité de rendre la monnaie sur un billet de 10 000 FCFA (cf la négociation). Il chercha un peu, on insista, il trouva. Il me prit également comme un policier français à cause de ma ceinture héritée de la Marine Nationale. En bon camerounais, je confirmais... le respect était désormais total.

Nous nous retrouvâmes donc sur la nationale 15. Au bout de 2 à 3 kilomètres sur notre gauche, un panneau particulièrement caché par la végétation indiquait "Ministère du Tourisme - Site Touristique des chutes de Nachtigal". Mais, au fait, pourquoi les chutes de Nachtigal. Tout simplement et comme vous avez pu le deviner notre cher aventurier découvrit ces chutes en 1885 et la première chose qu'il fit fut de planter un mat avec un drapeau allemand... à partir de ce moment, les alentours avaient changé de maître !

Au départ en voiture, puis à pied nous suivîmes ce chemin.


Au bout de 5 minutes, la certitude d'atteindre enfin, un plateau qui nous permettrait d'admirer dans toute leur beauté les chutes de Nachtigal. Je ne peux mettre que quelques photos mais cela vaut le détour...





Nous croisons quelques enfants qui pêchent... on se croirait en 1885. On ne voit même pas les installations du bac en contrebas. Aucun autre touriste à l'horizon que notre petit groupe. C'est cela le Cameroun : des sites naturels superbes, des conditions d'accès particulièrement compliquées et personne pour voir. Que peut-on espérer, que cela reste comme cela où que des cars d'allemands nostalgiques contribuent au "développement local" ?



mardi 8 mai 2012

Le Banquet

Quelques jours à peine en France m'ont permis de reprendre pied dans une autre réalité. Le chemin du retour me laisse sur une impression difficile à décrire. Peut-être dois-je me contenter de reprendre conscience de la diversité de l'humanité, avec simplicité, et accumuler un peu de force pour ne pas me plaindre de séparations volontaires.
Un évènement de la semaine passée ne m'était pas encore apparu avec autant de curiosité qu'après mon retour temporaire.
Son excellence a quitté la table d'honneur. La plupart des convives sont également sur le point de partir et notamment sa suite lorsqu'il donne l'autorisation de poursuivre la fête sans sa présence. En somme, c'est quartier libre.
Quelques uns, les plus sages, quittent définitivement le repas pour suivre leur petite (ou grande) aventure, d'autres restent pour reprendre le travail là où ils l'avaient laissé. C'est à ce moment que le Gouverneur donne le signal. La chanteuse s'anime mais elle danse également pour solliciter quelques inévitables farotages. Mon collègue est d'ailleurs plus rapide que moi car il place entre les seins de la demi-cantatrice un billet de 10 000. De suite, elle s'en va chercher un autre client un peu plus loin.
L'hôte de la soirée se lève et se met à danser au son du bikoutsi. Il est très vite rejoint par la plupart de ses collaborateurs et une bonne partie de ses "affiliés". Après quelques minutes et dans un deuxième temps, il m'apparaît important de le noter, les femmes rejoignent le groupe. Le premier cercle formé par les redevables du gouverneur autour du chef s'agrandit.  Le rythme accélère. Je réalise avec émerveillement que cette danse collective vient soudain du fond des âges. On rend hommage au chef, on danse pour fêter sa gloire et sa renommée. Il est au centre. Les autres sont autour. Le masculin prime sur le féminin, mais pour combien de temps encore au cours de cette agitation anthropomorphe ? Je me suis également demandé comment s'exprimait, dans nos comportements, cette soumission instinctive. Elle est certainement moins visible plus complexe car masquée par les apparences de l'éducation mais tout aussi réelle.
Le rite continue. Une première femme se tourne, là aussi le plus naturellement du monde. Un rapide coup d'oeil m'indique qu'elle est la plus expérimentée mais aussi la grande et la plus belle des femelles. Pour poursuivre de façon claire, elle présente ses fesses au gouverneur. Ce dernier se place immédiatement derrière et simule un acte répréhensible sous nos froides latitudes. Pour qui ne l'a pas fait ne connaît pas le sens de l'expression : "acte libératoire".
Une deuxième puis une troisième femme se joignent à ce couple occasionnel. Elles font maintenant face au chef. L'agitation arrive à son comble. Les trois poitrines gesticulent en rythme devant l'homme pour lui plaire, le reconnaître une nouvelle fois comme le puissant. Les inféodés restent autour, dansent également frénétiquement mais ne participent réellement à son accouplement symbolique qu'avec les yeux. Le pouvoir sur le groupe est unique et ne se partage pas, du moins pas en cet instant public.
Il choisit manifestement la plus expérimentée, une fois encore, je suppose. J'appris le lendemain qu'après une courte séparation, ce couple éphémère se retrouva en boite de nuit où la distinction entre le rêve et la réalité est fragile.
Les résurgences de comportements anciens ne sont jamais très lointaines. L'éducation et la connaissance n'y peuvent pas grand chose lorsque un instinct bien plus ancré dans la pensée trouve des conditions favorables pour s'exprimer. Nous sommes une espèce animale.

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