samedi 21 avril 2012

Nassara ! Nassara !

Pourquoi les passagers d'un avion se précipitent-ils tous soit pour entrer dans l'appareil soit pour en sortir alors qu'ils ont une place numérotée et que l'avion ne partira pas avec des personnes qui n'ont plus rien à y faire dedans ? Là où les camerounais sont généralement touchés par la lenteur, ils sont en revanche très vigilants à obtenir leur dû. Et dans ce cas, rien ne doit l'empêcher. Donc me voici confronté à une cohue indescriptible seulement quelques minutes après l'atterrissage à Maroua. Je ne comprends d'autant pas cette démarche qu'il fait un bon 43° à l'extérieur.



La chaleur est intense et impressionnante. Le comité d'accueil aussi, pour ce voyage de quelques jours au Nord du pays afin de poursuivre l'installation des gouverneurs de Région.

La géographie et le climat dirigent tout. Maroua est une ville du Sahel, très vaste zone semi-désertique. Quelques zébus peuvent espérer survivre pour le compte de leur propriétaire. Le paysage et le climat sont fondamentalement différents de celui des environs de Yaoundé et par conséquent les gens aussi. Les arbres se limitent à quelques espèces tels les Neemes ("niémé") et les Eucalyptus. Boubous et cheches sont de rigueur. Mes collègues de travail ne s'en privent pas. Le costume cravate porte alors toute sa signification : tu es blanc et tu le resteras !



Autorités administratives locales, autorités religieuses et consulaires, chefs traditionnels, tout le monde est là pour accueillir son excellence le ministre et sa suite. Le bal déjà connu reprends. Je retrouve les gros 4x4 japonais bien que cette fois-ci un collègue et moi sommes dans une toyota type tourisme. Les autres nous raillent... nous voilà partis vers l'hôtel d'Etat de Maroua.

Les choses se déroulent simplement : celui qui accueille, offre un repas et le plus important possible. L'invité, lui, se doit de montrer qu'il a l'intention de manger et de bien manger. Les assiettes sont pleines. Même si on ne mange pas tout, c'est la volonté initiale qui compte. Je participe donc à une succession de repas... jusqu'à 4 par jour à deux ou trois heures d'écart seulement. Je crois qu'en réalité, au Cameroun, je m'entraîne à faire de la politique...

Je décide de mobiliser mon chauffeur Ali pour qu'il me fasse visiter cette ville. Il a l'air content de cette demande... Les rues sont populeuses, poussiéreuses, les moto-taxis envahissent l'espace. Ali m'accompagne au marché, il contribue à limiter les ardeurs des vendeurs. Je suis un "Nassara" dit-il, un clair, un propre, un blanc qui a nécessairement beaucoup d'argent. Maroua étant une terre musulmane, les négociations sont moins agressives qu'à Yaoundé. La bonne affaire c'est lorsque l'on a bien discuté, bien parlé et que la volonté de Dieu est respectée ! Au fond, peu importe le prix, le vendeur peut même y perdre, si l'échange a été fructueux, l'affaire est bonne. Dans la voiture, il me regarde et me dit : "tu négocies comme un africain toi !". Je me demande alors s'il s'agit d'une flatterie (coutume locale très répandue) ou d'une appréciation sincère.


Rentré à l'Hôtel, j'essaye de travailler. C'est à dire que je me mets à rencontrer de façon parfaitement informelle les personnes qui m'intéressent ou auxquelles j'ai une demande à formuler. Et là, le miracle s'accomplit ! Les discussions sont enfin fructueuses. je me dis que je n'ai pas fait toutes ces démarches pour rien. Il n'existe aucune frontière entre le temps de travail et le temps privé. Ici, les deux sont profondément mélangés. Une information importante peut surgir à minuit passée autour d'un whisky coca. Tu t'adaptes ou tu  disparais...

Après l'énième buffet camerounais, instruction nous est donnée d'être prêt à 8h le lendemain. Bien sûr, nous prendrons notre "petit" déjeuner vers 10h. Je profite de quelques instants pour acheter à un marchand de la rue une chemise et un pantalon africain en bazin. C'est un tissu en coton, teint et amidoné. Tout le monde en porte.

La cérémonie de passation du pouvoir entre les deux gouverneurs se passe sans surprise. C'est ici que l'on trouve les groupes où les danseurs sont presque nus, hommes et femmes (souvent très jeunes) compris ! Comment se fait-il que, dans ce pays, il y ait si peu de gens pour découvrir cela ? C'est un véritable trésor de mélange des cultures et des peuples ! L'épouse Peul d'un des gouverneurs m'explique que son éthnie était particulièrement investie dans le trafic d'esclave bien avant les européens. Ils régulaient le trafic dans tout le Sahel de l'Afrique noire vers le Magrehb et la péninsule arabique. Lorsqu'un Peul s'asseyait sur un trône ou une chaise, les autres ethnies se devaient de s'asseoir par terre.




Je peux voir, parmi les chefs traditionnels, une lointaine réminiscence de cette culture. Le Lamido de Maroua s'est bien sûr déplacé pour la cérémonie. A peu près quatre cents personnes sont venues avec lui pour l'accompagner et montrer la puissance de sa chefferie. Certains sont armés de sagaies voire de vieux fusils des années 1950. Abrité par des grands parasols particulièrement décorés le Lamido et sa suite ne se déplace qu'avec ses fidèles au son de sortes de trompes qui font 3 mètres de long et de quelques tambours : " pouhh, pouhh, pouhh, zboum, zboum..." C'est assourdissant ! Les Camerounais du Sud détestent et négligent ces pratiques.

Nous prenons la route vers Garoua. Des espaces semi-désertiques immenses s'ouvrent. La route, dégradée, impose au convoi une vitesse limitée. Tout au long des 4 heures de trajet pour parcourir 280 km environ, s'étalent une succession de village traditionnel intégralement construit en terre et paille. A la tombée de la nuit les feux s'allument et les personnes se déplacent grâce à des lampes-torches chinoises à dynamo ou sont assis en communauté.

L'arrivée du cortège à 23h fait grand bruit. Nous sommes accueillis par une nuée de griots qui chantent nos louanges et les miennes en particulier à coup de petites trompettes artisanales et de tambours... Le blanc, le clair est riche. Il a droit à d'importantes louanges, on ne sait jamais cela peut rapporter beaucoup. "Nassara ! Nassara ! tu es grand, tu es puissant, tu vient aider le pays, Allah te protège car tu es grand...pouet ! pouet ! zimboum ! zimboum!..." Prudent et intimidé par autant de sollicitude subite, je m'éclipse rapidement pour récupérer ma chambre.

Pour la cérémonie les chefs traditionnels sont venus également en nombre. Le public fait un peu défaut mais est aussi présent. L'avant-veille, le précédent ministre, originaire de la ville a été arrêté pour corruption. Le climat est assez tendu mais la cérémonie se déroule. Le Lamido de Garoua est encore plus puissant que celui de Maroua. J'estime sa suite à plus de 600 personnes dont une bonne centaine habillé en rouge, couleur de l'esclave des temps anciens. En réalité, impossible de l'approcher. Il est protégé par une véritable garde ! Pourtant, nous le reverrons en audience avec le ministre où il insistera sur le respect des institutions de la République, de la loi, les droits de l'homme et l'importance du chef traditionnel comme autorité morale. Un saisissant discours entre tradition et modernité.

Direction, en fin d'après midi, après deux buffets camerounais vers Ngaoundéré. 4h30 de trajet pour 260 km. Les conditions sont encore plus mauvaises. La nuit, les orages et la pluie abondante n'arrangent pas la vitesse du convoi.

A quelques encablures de notre point d'arrivée un grave problème protocolaire se pose. Le Maire d'un arrondissement de la ville a préparer très important comité d'accueil et un repas en l'honneur de la visite de son excellence le ministre. Or, dans la feuille le comité était prévu, le repas non. Que faut-il faire ? il est presque minuit ? Et bien... on s'arrête, le ministre et sa suite vont dîner une première fois ici puis une deuxième fois à Ngaoundéré proprement dit. Je n'en peux plus... Nous dînons toutefois rapidement. Arrivé à l'hôtel je prends ma chambre et dors.

Dernière cérémonie de notre périple. Elle se déroule dans de bonnes conditions, même si le monde n'est pas aussi nombreux qu'espérer par les autorités. Prévue à 10h du matin, elle débute en réalité vers 12h30. Il y a de quoi décourager les plus motivés. Le paysage de cette ville juste installé en dessous du mont Ngaoundéré est beau . Le climat est particulièrement clément avec des températures de 15 à 20 degrés pendant la nuit.

A l'hôtel, je fais rire mes collègues. En plus des griots, des "griottes" viennent aussi me chanter leur louange, pourtant j'ai bien pris la précaution afin de ne pas me retrouver submergé de ne jamais rien donner. Première fois qu'ils voyaient ça : "papa Nassara, papa Nassara, tu es grand, tu es grand, blablabla, blablabla...". Pliés de rire ils montent lentement dans leur voiture. Moi, je fais vite...

Après une soirée lamentable passée dans un bar insalubre de Ngaoundéré avec un des sept avocats de cette ville de 400 000 habitants qui m'apprend à décapsuler une bouteille de bière avec une autre ainsi que les vertus magiques et aphrodisiaques de la "cola du lion", le matin est consacré aux audiences avec le ministre. Le bal recommence. Une nuée de personnes s'installent et attendent, peut-être leur tour mais ce n'est pas certain. Quelques unes sont venues de lointains villages dans l'espoir que le "Pouvoir" puisse résoudre leur(s) problème(s). Les chefs Mboum réclament notamment la reconnaissance d'une chefferie en 1ère ou 2ème catégorie. Ils occupaient l'Adamaoua avant les Foulbés et les Lakas. Il n'y a pas de raison que leur antériorité ne soit pas reconnue. Le ministre approuve. Quant à moi, français, assistant à ce type d'audience, j'ai l'impression de me retrouver administrateur colonial d'avant les indépendances. Très particulier. La question de l'immigration des Bororos sur des terres déjà occupées posent d'importants problèmes. Les pâturages sont fortement disputés. Un chef traditionnel demande l'expulsion des Bororos.

Le soir nous sommes invités par le Lamido de Ngaoundéré. Ils nous accueillent dans son immense boukaro ou normalement très peu de personnes peuvent y pénétrer. Je suis fasciné. Outre son armée et ses serviteurs, il dispose d'une enclave de 14 hectares à l'intérieur de la ville pour lui et ses hommes. Une discussion s'engage entre le ministre et un serviteur. Personne n'a le droit de parler directement avec le Lamido. Seule une personne autorisée par sa majesté elle-même peut le faire. Le chef offre comme cadeau une prière prononcée par l'ensemble des dignitaires du Lamidat au ministre et à sa suite. Il s'ensuit quelques minutes émouvantes de prières musulmanes dans cet endroit qui devient, de ce fait, magique.






Je fais ensuite partie de la table d'honneur. Le Lamido s'installe dernière nous, assis humblement à nous regarder manger. Le sens de l'accueil traditionnel est respecté. Ces quelques heures ont été pour moi très intenses. Tout cela n'existe plus, ou si peu, chez les blancs de base. Je crains qu'avec une plus grande ouverture du pays au tourisme de masse cela ne disparaisse. On ne peut rien contre le progrès.



Une dernière chose à souligner. Tout ministre qui se respecte au Cameroun et qui passe par Ngaoundéré se doit de résider dans le palais du milliardaire Mohammadou Abbo Ousmamou. Cet ancien chauffeur de taxi est devenu par le hasard d'une rencontre avec un investisseur, une des premières richesses du pays et un supporteur intransigeant du RDPC. Nous avons donc eu l'immense privilège de pénétrer dans son modeste salon et de nous offrir un modeste buffet camerounais composé notamment de zébus entiers tournés à la broche... A force de modestie, ce vieille homme de 90 ans passé doit être devenu Nassara. C'est certain.

mardi 10 avril 2012

Comment décrire une prise de poste d’un gouverneur au Cameroun ?


On peut se dire qu’il s’agit d’une cérémonie administrative sans attrait et monotone. On peut se dire également qu’il n’y a aucun intérêt à se déplacer pour participer à des petits-déjeuner, déjeuners, dîners sans rien faire de sa journée et attendre qu’elle se passe. On peut se dire enfin que toutes ces affaires ne concernent pas les blancs que nous sommes, car chez nous, une prise de poste d’un Préfet n’est pas si importante que cela, un article dans la presse locale, un pot à la fois d’adieu pour le prédécesseur et de bienvenue pour le successeur. Le décret publié au journal officiel suffit pour le libellé et la signature au bas de la page change.

Il n’y a guère que dans l’armée française, gardienne de quelques traditions en disparition, que les prises de commandement se déroulent encore avec un faste qui se ternit aux fils des décennies.

Au Cameroun, il en est tout autrement.

La Loi, le Droit en général n’a pas la même force, la même portée que sous nos laborieuses latitudes. Les hommes comptent plus que la fonction. La parole, la symbolique, bref le sens donné aux choses est plus fort encore. C’est cela qui porte aux yeux des populations. Le changement de gouverneur a lieu parce qu’on le voit. Il a lieu parce que c’est fêté. Il a lieu parce qu’un homme puissant, détenteur du pouvoir, est venu le certifier devant tous !

Départ de Yaoundé prévu à 11h. Finalement on part à 12h30. Rien de plus normal car le temps n’a pas d’importance. On prends le temps de faire ce qu’il y a faire. Le convoi se prépare. Le ballet des gros 4X4 TOYOTA se met en place. Une question essentielle surgit pour le chef du protocole : qui doit suivre directement la voiture du Ministre ? Une courte discussion s’engage, un terrain d’entente est vite trouvé. Les chauffeurs  enclenchent les « warnings », le motard de la gendarmerie et la voiture de la sureté nationale se placent en tête et tout le monde s’en va.

La sortie de Yaoundé se fait rapidement car les taxis jaunes, camions , motos et porteurs de fruits s’écartent rapidement aux sons des sirènes. L’angoisse du chauffeur de la voiture dans laquelle je suis est de rester « coller » à celle de devant car le moindre espace au Cameroun est comblé. Phénomène tout à fait fascinant, tout est lent mais rien ne s’arrête… on ne s’arrête pas aux feux rouges, on entre dans les rond-points sans s’arrêter, on rejoint une route principale sans s’arrêter au risque d’être deux là où il n’y a de la place que pour une seule voiture.

Après 25 minutes de lutte sans merci pour tenir sa place, on quitte enfin les faubourgs de YAOUNDE et on prend une belle route départementale. La circulation automobile se fait rare. Pendant les 4 heures du trajet, on s’enfonce un peu plus dans le territoire vers BERTOUA, la fôret s’épaissit et prend une tournure vraiment tropicale mais on m'explique que ce n’est rien par rapport à la vrai forêt dès que l’on s’écarte de cette route. Les villages sont semblables. Quelques maisons en dur, le plus souvent elles sont construites en terre et bois avec des toits de feuilles de palmiers tressées. Les conditions de vie ne sont pas confortables mais les familles sont protégées du soleil et de la pluie. L’adaptation fait le reste. Je relève qu’il y a de plus en plus d’édifices religieux à mesure que l’on s’écarte de la grande ville. Les villages se succèdent.

Arrivée à MBAMA le convoi s’arrête. Que se passe-t-il ? Nous sommes au village de la belle-famille de notre ministre. Un petit comité d’accueil l’attend depuis 2 bonnes heures. Des femmes en boubous à l’effigie de Paul Biya se mettent à chanter, les autorités administratives locales ont mis leurs plus beaux uniformes pour saluer le passage du convoi. Le son des djambés se fait de plus en plus fort. Toute la belle-famille est là. Chaque personne est saluée, un mot pour les uns et les autres. 5 à 10 minutes tout au plus et le convoi repart. Les femmes ont l’air épuisées par la chaleur. Il fait 35°. Elles réclament du « jus ». J’en ai pas, j’en suis désolé…

On me signale que bientôt la route bitumée s’arrête. Les travaux sont en cours et d’ici quelques mois toute la route sera faite mais il y a encore 5 kilomètres de piste à parcourir. Le décor change brutalement. La poussière dégagée par le convoi envahit tout ! On ne voit plus à 10 mètres ! La conduite devient dangeureuse très rapidement. Le coup de frein brutal de la voiture de tête au passage d’un contrôle de police entraine des dérapages successifs dans une poussière si importante que l’on ne voit plus rien. La voiture derrière nous frôle… l’accident est évité mais de justesse.

Encore quelques minutes et nous arrivons à BERTOUA. Je ne connais pas le nombre d’habitants. Il doit être approximativement d’environ 100 à 150 000. Un autre comité d’accueil est là. De nouveaux le sons des tambours avec, en plus, des groupes de danseurs traditionnels sous une chaleur intense.

Après avoir salué les autorités à l’entrée de la ville, le convoi repart vers l’hôtel. Il est 17h30. Nous devions arriver vers 15h… L’hôtel Mansa est un peu lugubre mais correct. Nous entrons entouré d’un groupe traditionnel qui fait mine de nous empêcher par leurs sagaies qu’ils agitent devant nous et devant moi en particulier. Normal, je suis repéré. Ma chambre sent le renfermé alors j’ouvre en grand les portes… coups d’œil rapide des autres clients (y’a un blanc !).

L’ancien délégué du gouvernement avait prévu d’honorer la visite du Ministre par le repas de 15h. Donc direction chez lui pour prendre le repas à … 18H30. A nouveau la musique et les danses traditionnelles. Au menu du repas de midi, poulets, porc-épics, anacondas, riz, ndolé, crudités, salades de fruits, poissons. Tout est généralement très bon. Il faut savoir doser. Certains me disent que je peux en profiter. Le repas du soir prévu pour 22h ne se fera pas avant 23h/1h du matin.

Quelques sujets de discussion plus tard, nous voila de retour à l’hôtel pour assister aux audiences du ministre. Je vois là un vrai défilé d’un tas de personne et notamment des chefs traditionnels. C’était assez court, ces derniers ayant préparé un texte à l’avance remis en mains propres. Puis nous sommes passés aux autorités administratives locales, le tout dans un formalisme et un protocole particulièrement développé. On se lève à l’arrivée du Ministre, on s’assoit en fonction des rangs de préséances (d’abord les membres du cabinet du ministre, puis les autres). Un porte parole des Préfets et sous-préfets a été désigné pour faire passer des messages simples : restaurer l’autorité de l’Etat, donner des conditions de vie dignes aux représentants de l’Etat (un logement, un véhicule de service, un bureau) et leur garantir une bonne apparence (un uniforme). Il faut dire que, lorsque l’on regarde les personnes réunies, pas une seule ne possède le même uniforme, les mêmes insignes ou les mêmes couleurs. De loin cela va à peu près, à proximité c’est plus que bigarré !

Il est 23heures, les audiences sont terminées ont peu aller manger. Direction le logement du Préfet qui invite. Même repas que pour le midi de 18h30. Ah si ! en plus il y avait des petits raviolis fris à la viande. Très bon. Evidemment, nous avons droit à l’orchestre et les chanteurs dans un bruit épouvantable. Mon collègue d’à côté se met à draguer la serveuse : « donne-moi ton numéro de téléphone, je te veux ! ». La jeune serveuse s’écarte prudement et déjoue tous les pièges. Après une bonne rasade de vin de bordeaux à ras bord des verres, le Ministre se lève et donc toute sa suite (dont moi) doit partir. C’est comme cela. Je peux même pas finir mon assiette ! Le départ du lendemain est prévu à 7h pour aller petit-déjeuner chez le délégué de la Communauté Urbaine de BERTOUA avant la cérémonie d’investiture du nouveau gouverneur.

9h. Nous partons à peine de l’hôtel pour aller petit-déjeuner. Même repas que la veille pour le midi de 18h30 et le 23h. On me propose du vin. Je décline poliment. Je trouve quand même mon bonheur avec deux crèpes et des fruits. Là aussi on peut avoir du poulet, du poisson, du serpent, du jambon… Bref, de quoi tenir un siège. A côté de moi, on me chuchote : « tu devrais bien manger car il est prévu que l’on reparte immédiatement après la cérémonie. Le Ministre doit rentrer sur Yaoundé le plus tôt possible. On ne restera pas déjeuner ».

On arrive en convoi officiel à la tribune présidentiel devant les corps constitués. Je repère deux évèques et un archevèque. Terre de mission catholique. Je m’assois derrière le rang des ministres. Ma position au cabinet me donne une certaine importance. Evidemment, le seul blanc.

J’assiste alors avec étonnement à toute une cérémonie protocolaire avec discours, cadeaux, lecture du décret instituant le nouveau gouverneur, éloge de l’ancien… La passation des pouvoirs aux yeux du peuple se fait lorsque l’ancien et le nouveau échangent, en direct, leur place. Applaudissements, joie du public !! Le tout a durée 2 heures en comptant le défilé militaire de clôture.

Rapidement, nous prenons la direction de la Préfecture pour la signature des registres. Il s’agit nécessairement d’un ancien bâtiment colonial. Il n’y a pas de doute. Le bureau du gouverneur est probablement à l’identique (mobiliers exceptés) de celui du dernier gouverneur français de la région avant 1960. Au moment des signatures, il se passe quelque chose de très surprenant.

L’ancien gouverneur détache de sa ceinture une poche contenant un pistolet de 38 mm de l’armée française. J’en croyais pas mes yeux ! Il le transmet avec formalisme, devant les yeux du ministre, au nouveau gouverneur. Il ajoute une réserve de balles (quelques unes) et confie également le « sceau » officiel. Voilà, l’affaire est maintenant close. Le pouvoir, y compris d’utiliser la force, est passé de main en main. La continuité de l’Etat est assurée. La force des symboles.

Il est 13h. J’ai faim mais on doit remonter dans les gros 4x4 japonais pour rejoindre Yaoundé à toute vitesse. On suit le convoi. Finalement, il s’arrête et tout le monde descend pour aller manger à la permanence du RDPC, le parti au pouvoir depuis l’indépendance. Là également même repas que la veille et l’avant-veille. Je m’habitue et picore d’autres plats. Vers 14h, il faut repartir. Le Ministre a rendez-vous à l’Assemblée Nationale à 16h. On n’y sera pas avant 17h30.

Le trajet du retour se déroule sans difficulté. A 18 h nous arrivons à l’Assemblée. Je ne peux pas continuer. On me ramène au ministère. A BERTOUA, ils auront fait la fête le reste de la journée et probablement de la nuit.

dimanche 8 avril 2012

quelques photos extérieures de la maison

Voici quelques photos extérieures de la maison que nous occuperons. L'intérieur est encore encombré des objets de l'actuel locataire. Il ne devrait plus y en avoir d'ici deux semaines. il faudra faire des petits travaux d'entretien et surtout, je voudrais remettre d'aplomb la piscine en l'alimentant par l'eau de pluie.






lundi 2 avril 2012

Bâtiments historiques !

Malgré un potentiel considérable, le tourisme n'est pas le fort du Cameroun. Yaoundé, la capitale administrative et politique n'échappe pas à la règle. Pas d'office du tourisme, pas de circuits organisés, peu de livres ou documents racontant l'histoire de la ville qui pourtant est intéressante et très méconnue des expatriés, bien sûr, mais aussi des habitants eux-mêmes. Ils ne savent pas où ils habitent !

Alors, pour commencer à modifier un peu les choses, il faut prendre quelques photos et donner un minimum d'explications.

Voici probablement l'un des plus beaux  bâtiments de Yaoundé. Il s'agit de l'ancien siège du Haut Commissaire Français au Cameroun. A l'indépendance, il s'est transformé en Palais de la Présidence puis dénommé Palais Ahidjo (du nom du premier président du pays). Maintenant, la volonté est de le transformer en musée national. Cela fait plusieurs années qu'il est en "réhabilitation". Je crois savoir que le problème essentiel tient à ce que les collections d'objets d'art rassemblées au fil des ans (et léguées par les anciens colons) ont disparu... Il faut reconstituer tout cela et c'est plutôt compliqué...


Deuxième particularité tient à la survivance du premier bâtiment en dur de Yaoundé, construit par les allemands vers 1900. Il s'agissait à l'époque du poste militaire du site occupé par un certain Hans Dominik à cette époque. C'est dans ce bâtiment que Charles ATANGANA, chef Ewondo, un des premiers grands personnages du pays venait prendre des repas en commun avec l'officier allemand. Charles ATANGANA a aussi été le premier Ewondo (et camerounais...) a être baptisé. La maison n'est plus en très bon état.


Enfin, dernière petite photo avant d'autres, l'ancien siège du "parlement" camerounais au temps où le pays était administré par les Français sous mandat de l'ONU. Même si en pratique c'était le cas, on ne peut pas parler juridiquement d'une "colonie"...



La suite de la visite virtuelle se fera notamment avec un cimetière très particulier (que j'ai découvert en me promenant...).
Ahh enfin, la voiture... d'occasion avec quelques réparations encore à faire mais au moins j'ai pu me déplacer sans difficulté tout le week-end !! C'était encore une petite aventure mais mon taximan m'a bien aidé !


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