Pourquoi les passagers d'un avion se précipitent-ils tous soit pour entrer dans l'appareil soit pour en sortir alors qu'ils ont une place numérotée et que l'avion ne partira pas avec des personnes qui n'ont plus rien à y faire dedans ? Là où les camerounais sont généralement touchés par la lenteur, ils sont en revanche très vigilants à obtenir leur dû. Et dans ce cas, rien ne doit l'empêcher. Donc me voici confronté à une cohue indescriptible seulement quelques minutes après l'atterrissage à Maroua. Je ne comprends d'autant pas cette démarche qu'il fait un bon 43° à l'extérieur.
La chaleur est intense et impressionnante. Le comité d'accueil aussi, pour ce voyage de quelques jours au Nord du pays afin de poursuivre l'installation des gouverneurs de Région.
La géographie et le climat dirigent tout. Maroua est une ville du Sahel, très vaste zone semi-désertique. Quelques zébus peuvent espérer survivre pour le compte de leur propriétaire. Le paysage et le climat sont fondamentalement différents de celui des environs de Yaoundé et par conséquent les gens aussi. Les arbres se limitent à quelques espèces tels les Neemes ("niémé") et les Eucalyptus. Boubous et cheches sont de rigueur. Mes collègues de travail ne s'en privent pas. Le costume cravate porte alors toute sa signification : tu es blanc et tu le resteras !
Autorités administratives locales, autorités religieuses et consulaires, chefs traditionnels, tout le monde est là pour accueillir son excellence le ministre et sa suite. Le bal déjà connu reprends. Je retrouve les gros 4x4 japonais bien que cette fois-ci un collègue et moi sommes dans une toyota type tourisme. Les autres nous raillent... nous voilà partis vers l'hôtel d'Etat de Maroua.
Les choses se déroulent simplement : celui qui accueille, offre un repas et le plus important possible. L'invité, lui, se doit de montrer qu'il a l'intention de manger et de bien manger. Les assiettes sont pleines. Même si on ne mange pas tout, c'est la volonté initiale qui compte. Je participe donc à une succession de repas... jusqu'à 4 par jour à deux ou trois heures d'écart seulement. Je crois qu'en réalité, au Cameroun, je m'entraîne à faire de la politique...
Je décide de mobiliser mon chauffeur Ali pour qu'il me fasse visiter cette ville. Il a l'air content de cette demande... Les rues sont populeuses, poussiéreuses, les moto-taxis envahissent l'espace. Ali m'accompagne au marché, il contribue à limiter les ardeurs des vendeurs. Je suis un "Nassara" dit-il, un clair, un propre, un blanc qui a nécessairement beaucoup d'argent. Maroua étant une terre musulmane, les négociations sont moins agressives qu'à Yaoundé. La bonne affaire c'est lorsque l'on a bien discuté, bien parlé et que la volonté de Dieu est respectée ! Au fond, peu importe le prix, le vendeur peut même y perdre, si l'échange a été fructueux, l'affaire est bonne. Dans la voiture, il me regarde et me dit : "tu négocies comme un africain toi !". Je me demande alors s'il s'agit d'une flatterie (coutume locale très répandue) ou d'une appréciation sincère.
Rentré à l'Hôtel, j'essaye de travailler. C'est à dire que je me mets à rencontrer de façon parfaitement informelle les personnes qui m'intéressent ou auxquelles j'ai une demande à formuler. Et là, le miracle s'accomplit ! Les discussions sont enfin fructueuses. je me dis que je n'ai pas fait toutes ces démarches pour rien. Il n'existe aucune frontière entre le temps de travail et le temps privé. Ici, les deux sont profondément mélangés. Une information importante peut surgir à minuit passée autour d'un whisky coca. Tu t'adaptes ou tu disparais...
Après l'énième buffet camerounais, instruction nous est donnée d'être prêt à 8h le lendemain. Bien sûr, nous prendrons notre "petit" déjeuner vers 10h. Je profite de quelques instants pour acheter à un marchand de la rue une chemise et un pantalon africain en bazin. C'est un tissu en coton, teint et amidoné. Tout le monde en porte.
La cérémonie de passation du pouvoir entre les deux gouverneurs se passe sans surprise. C'est ici que l'on trouve les groupes où les danseurs sont presque nus, hommes et femmes (souvent très jeunes) compris ! Comment se fait-il que, dans ce pays, il y ait si peu de gens pour découvrir cela ? C'est un véritable trésor de mélange des cultures et des peuples ! L'épouse Peul d'un des gouverneurs m'explique que son éthnie était particulièrement investie dans le trafic d'esclave bien avant les européens. Ils régulaient le trafic dans tout le Sahel de l'Afrique noire vers le Magrehb et la péninsule arabique. Lorsqu'un Peul s'asseyait sur un trône ou une chaise, les autres ethnies se devaient de s'asseoir par terre.
Je peux voir, parmi les chefs traditionnels, une lointaine réminiscence de cette culture. Le Lamido de Maroua s'est bien sûr déplacé pour la cérémonie. A peu près quatre cents personnes sont venues avec lui pour l'accompagner et montrer la puissance de sa chefferie. Certains sont armés de sagaies voire de vieux fusils des années 1950. Abrité par des grands parasols particulièrement décorés le Lamido et sa suite ne se déplace qu'avec ses fidèles au son de sortes de trompes qui font 3 mètres de long et de quelques tambours : " pouhh, pouhh, pouhh, zboum, zboum..." C'est assourdissant ! Les Camerounais du Sud détestent et négligent ces pratiques.
Nous prenons la route vers Garoua. Des espaces semi-désertiques immenses s'ouvrent. La route, dégradée, impose au convoi une vitesse limitée. Tout au long des 4 heures de trajet pour parcourir 280 km environ, s'étalent une succession de village traditionnel intégralement construit en terre et paille. A la tombée de la nuit les feux s'allument et les personnes se déplacent grâce à des lampes-torches chinoises à dynamo ou sont assis en communauté.
L'arrivée du cortège à 23h fait grand bruit. Nous sommes accueillis par une nuée de griots qui chantent nos louanges et les miennes en particulier à coup de petites trompettes artisanales et de tambours... Le blanc, le clair est riche. Il a droit à d'importantes louanges, on ne sait jamais cela peut rapporter beaucoup. "Nassara ! Nassara ! tu es grand, tu es puissant, tu vient aider le pays, Allah te protège car tu es grand...pouet ! pouet ! zimboum ! zimboum!..." Prudent et intimidé par autant de sollicitude subite, je m'éclipse rapidement pour récupérer ma chambre.
Pour la cérémonie les chefs traditionnels sont venus également en nombre. Le public fait un peu défaut mais est aussi présent. L'avant-veille, le précédent ministre, originaire de la ville a été arrêté pour corruption. Le climat est assez tendu mais la cérémonie se déroule. Le Lamido de Garoua est encore plus puissant que celui de Maroua. J'estime sa suite à plus de 600 personnes dont une bonne centaine habillé en rouge, couleur de l'esclave des temps anciens. En réalité, impossible de l'approcher. Il est protégé par une véritable garde ! Pourtant, nous le reverrons en audience avec le ministre où il insistera sur le respect des institutions de la République, de la loi, les droits de l'homme et l'importance du chef traditionnel comme autorité morale. Un saisissant discours entre tradition et modernité.
Direction, en fin d'après midi, après deux buffets camerounais vers Ngaoundéré. 4h30 de trajet pour 260 km. Les conditions sont encore plus mauvaises. La nuit, les orages et la pluie abondante n'arrangent pas la vitesse du convoi.
A quelques encablures de notre point d'arrivée un grave problème protocolaire se pose. Le Maire d'un arrondissement de la ville a préparer très important comité d'accueil et un repas en l'honneur de la visite de son excellence le ministre. Or, dans la feuille le comité était prévu, le repas non. Que faut-il faire ? il est presque minuit ? Et bien... on s'arrête, le ministre et sa suite vont dîner une première fois ici puis une deuxième fois à Ngaoundéré proprement dit. Je n'en peux plus... Nous dînons toutefois rapidement. Arrivé à l'hôtel je prends ma chambre et dors.
Dernière cérémonie de notre périple. Elle se déroule dans de bonnes conditions, même si le monde n'est pas aussi nombreux qu'espérer par les autorités. Prévue à 10h du matin, elle débute en réalité vers 12h30. Il y a de quoi décourager les plus motivés. Le paysage de cette ville juste installé en dessous du mont Ngaoundéré est beau . Le climat est particulièrement clément avec des températures de 15 à 20 degrés pendant la nuit.
A l'hôtel, je fais rire mes collègues. En plus des griots, des "griottes" viennent aussi me chanter leur louange, pourtant j'ai bien pris la précaution afin de ne pas me retrouver submergé de ne jamais rien donner. Première fois qu'ils voyaient ça : "papa Nassara, papa Nassara, tu es grand, tu es grand, blablabla, blablabla...". Pliés de rire ils montent lentement dans leur voiture. Moi, je fais vite...
Après une soirée lamentable passée dans un bar insalubre de Ngaoundéré avec un des sept avocats de cette ville de 400 000 habitants qui m'apprend à décapsuler une bouteille de bière avec une autre ainsi que les vertus magiques et aphrodisiaques de la "cola du lion", le matin est consacré aux audiences avec le ministre. Le bal recommence. Une nuée de personnes s'installent et attendent, peut-être leur tour mais ce n'est pas certain. Quelques unes sont venues de lointains villages dans l'espoir que le "Pouvoir" puisse résoudre leur(s) problème(s). Les chefs Mboum réclament notamment la reconnaissance d'une chefferie en 1ère ou 2ème catégorie. Ils occupaient l'Adamaoua avant les Foulbés et les Lakas. Il n'y a pas de raison que leur antériorité ne soit pas reconnue. Le ministre approuve. Quant à moi, français, assistant à ce type d'audience, j'ai l'impression de me retrouver administrateur colonial d'avant les indépendances. Très particulier. La question de l'immigration des Bororos sur des terres déjà occupées posent d'importants problèmes. Les pâturages sont fortement disputés. Un chef traditionnel demande l'expulsion des Bororos.
Le soir nous sommes invités par le Lamido de Ngaoundéré. Ils nous accueillent dans son immense boukaro ou normalement très peu de personnes peuvent y pénétrer. Je suis fasciné. Outre son armée et ses serviteurs, il dispose d'une enclave de 14 hectares à l'intérieur de la ville pour lui et ses hommes. Une discussion s'engage entre le ministre et un serviteur. Personne n'a le droit de parler directement avec le Lamido. Seule une personne autorisée par sa majesté elle-même peut le faire. Le chef offre comme cadeau une prière prononcée par l'ensemble des dignitaires du Lamidat au ministre et à sa suite. Il s'ensuit quelques minutes émouvantes de prières musulmanes dans cet endroit qui devient, de ce fait, magique.
Je fais ensuite partie de la table d'honneur. Le Lamido s'installe dernière nous, assis humblement à nous regarder manger. Le sens de l'accueil traditionnel est respecté. Ces quelques heures ont été pour moi très intenses. Tout cela n'existe plus, ou si peu, chez les blancs de base. Je crains qu'avec une plus grande ouverture du pays au tourisme de masse cela ne disparaisse. On ne peut rien contre le progrès.
Une dernière chose à souligner. Tout ministre qui se respecte au Cameroun et qui passe par Ngaoundéré se doit de résider dans le palais du milliardaire Mohammadou Abbo Ousmamou. Cet ancien chauffeur de taxi est devenu par le hasard d'une rencontre avec un investisseur, une des premières richesses du pays et un supporteur intransigeant du RDPC. Nous avons donc eu l'immense privilège de pénétrer dans son modeste salon et de nous offrir un modeste buffet camerounais composé notamment de zébus entiers tournés à la broche... A force de modestie, ce vieille homme de 90 ans passé doit être devenu Nassara. C'est certain.
Après l'énième buffet camerounais, instruction nous est donnée d'être prêt à 8h le lendemain. Bien sûr, nous prendrons notre "petit" déjeuner vers 10h. Je profite de quelques instants pour acheter à un marchand de la rue une chemise et un pantalon africain en bazin. C'est un tissu en coton, teint et amidoné. Tout le monde en porte.
La cérémonie de passation du pouvoir entre les deux gouverneurs se passe sans surprise. C'est ici que l'on trouve les groupes où les danseurs sont presque nus, hommes et femmes (souvent très jeunes) compris ! Comment se fait-il que, dans ce pays, il y ait si peu de gens pour découvrir cela ? C'est un véritable trésor de mélange des cultures et des peuples ! L'épouse Peul d'un des gouverneurs m'explique que son éthnie était particulièrement investie dans le trafic d'esclave bien avant les européens. Ils régulaient le trafic dans tout le Sahel de l'Afrique noire vers le Magrehb et la péninsule arabique. Lorsqu'un Peul s'asseyait sur un trône ou une chaise, les autres ethnies se devaient de s'asseoir par terre.
Je peux voir, parmi les chefs traditionnels, une lointaine réminiscence de cette culture. Le Lamido de Maroua s'est bien sûr déplacé pour la cérémonie. A peu près quatre cents personnes sont venues avec lui pour l'accompagner et montrer la puissance de sa chefferie. Certains sont armés de sagaies voire de vieux fusils des années 1950. Abrité par des grands parasols particulièrement décorés le Lamido et sa suite ne se déplace qu'avec ses fidèles au son de sortes de trompes qui font 3 mètres de long et de quelques tambours : " pouhh, pouhh, pouhh, zboum, zboum..." C'est assourdissant ! Les Camerounais du Sud détestent et négligent ces pratiques.
Nous prenons la route vers Garoua. Des espaces semi-désertiques immenses s'ouvrent. La route, dégradée, impose au convoi une vitesse limitée. Tout au long des 4 heures de trajet pour parcourir 280 km environ, s'étalent une succession de village traditionnel intégralement construit en terre et paille. A la tombée de la nuit les feux s'allument et les personnes se déplacent grâce à des lampes-torches chinoises à dynamo ou sont assis en communauté.
L'arrivée du cortège à 23h fait grand bruit. Nous sommes accueillis par une nuée de griots qui chantent nos louanges et les miennes en particulier à coup de petites trompettes artisanales et de tambours... Le blanc, le clair est riche. Il a droit à d'importantes louanges, on ne sait jamais cela peut rapporter beaucoup. "Nassara ! Nassara ! tu es grand, tu es puissant, tu vient aider le pays, Allah te protège car tu es grand...pouet ! pouet ! zimboum ! zimboum!..." Prudent et intimidé par autant de sollicitude subite, je m'éclipse rapidement pour récupérer ma chambre.
Pour la cérémonie les chefs traditionnels sont venus également en nombre. Le public fait un peu défaut mais est aussi présent. L'avant-veille, le précédent ministre, originaire de la ville a été arrêté pour corruption. Le climat est assez tendu mais la cérémonie se déroule. Le Lamido de Garoua est encore plus puissant que celui de Maroua. J'estime sa suite à plus de 600 personnes dont une bonne centaine habillé en rouge, couleur de l'esclave des temps anciens. En réalité, impossible de l'approcher. Il est protégé par une véritable garde ! Pourtant, nous le reverrons en audience avec le ministre où il insistera sur le respect des institutions de la République, de la loi, les droits de l'homme et l'importance du chef traditionnel comme autorité morale. Un saisissant discours entre tradition et modernité.
Direction, en fin d'après midi, après deux buffets camerounais vers Ngaoundéré. 4h30 de trajet pour 260 km. Les conditions sont encore plus mauvaises. La nuit, les orages et la pluie abondante n'arrangent pas la vitesse du convoi.
A quelques encablures de notre point d'arrivée un grave problème protocolaire se pose. Le Maire d'un arrondissement de la ville a préparer très important comité d'accueil et un repas en l'honneur de la visite de son excellence le ministre. Or, dans la feuille le comité était prévu, le repas non. Que faut-il faire ? il est presque minuit ? Et bien... on s'arrête, le ministre et sa suite vont dîner une première fois ici puis une deuxième fois à Ngaoundéré proprement dit. Je n'en peux plus... Nous dînons toutefois rapidement. Arrivé à l'hôtel je prends ma chambre et dors.
Dernière cérémonie de notre périple. Elle se déroule dans de bonnes conditions, même si le monde n'est pas aussi nombreux qu'espérer par les autorités. Prévue à 10h du matin, elle débute en réalité vers 12h30. Il y a de quoi décourager les plus motivés. Le paysage de cette ville juste installé en dessous du mont Ngaoundéré est beau . Le climat est particulièrement clément avec des températures de 15 à 20 degrés pendant la nuit.
A l'hôtel, je fais rire mes collègues. En plus des griots, des "griottes" viennent aussi me chanter leur louange, pourtant j'ai bien pris la précaution afin de ne pas me retrouver submergé de ne jamais rien donner. Première fois qu'ils voyaient ça : "papa Nassara, papa Nassara, tu es grand, tu es grand, blablabla, blablabla...". Pliés de rire ils montent lentement dans leur voiture. Moi, je fais vite...
Après une soirée lamentable passée dans un bar insalubre de Ngaoundéré avec un des sept avocats de cette ville de 400 000 habitants qui m'apprend à décapsuler une bouteille de bière avec une autre ainsi que les vertus magiques et aphrodisiaques de la "cola du lion", le matin est consacré aux audiences avec le ministre. Le bal recommence. Une nuée de personnes s'installent et attendent, peut-être leur tour mais ce n'est pas certain. Quelques unes sont venues de lointains villages dans l'espoir que le "Pouvoir" puisse résoudre leur(s) problème(s). Les chefs Mboum réclament notamment la reconnaissance d'une chefferie en 1ère ou 2ème catégorie. Ils occupaient l'Adamaoua avant les Foulbés et les Lakas. Il n'y a pas de raison que leur antériorité ne soit pas reconnue. Le ministre approuve. Quant à moi, français, assistant à ce type d'audience, j'ai l'impression de me retrouver administrateur colonial d'avant les indépendances. Très particulier. La question de l'immigration des Bororos sur des terres déjà occupées posent d'importants problèmes. Les pâturages sont fortement disputés. Un chef traditionnel demande l'expulsion des Bororos.
Le soir nous sommes invités par le Lamido de Ngaoundéré. Ils nous accueillent dans son immense boukaro ou normalement très peu de personnes peuvent y pénétrer. Je suis fasciné. Outre son armée et ses serviteurs, il dispose d'une enclave de 14 hectares à l'intérieur de la ville pour lui et ses hommes. Une discussion s'engage entre le ministre et un serviteur. Personne n'a le droit de parler directement avec le Lamido. Seule une personne autorisée par sa majesté elle-même peut le faire. Le chef offre comme cadeau une prière prononcée par l'ensemble des dignitaires du Lamidat au ministre et à sa suite. Il s'ensuit quelques minutes émouvantes de prières musulmanes dans cet endroit qui devient, de ce fait, magique.
Je fais ensuite partie de la table d'honneur. Le Lamido s'installe dernière nous, assis humblement à nous regarder manger. Le sens de l'accueil traditionnel est respecté. Ces quelques heures ont été pour moi très intenses. Tout cela n'existe plus, ou si peu, chez les blancs de base. Je crains qu'avec une plus grande ouverture du pays au tourisme de masse cela ne disparaisse. On ne peut rien contre le progrès.
Une dernière chose à souligner. Tout ministre qui se respecte au Cameroun et qui passe par Ngaoundéré se doit de résider dans le palais du milliardaire Mohammadou Abbo Ousmamou. Cet ancien chauffeur de taxi est devenu par le hasard d'une rencontre avec un investisseur, une des premières richesses du pays et un supporteur intransigeant du RDPC. Nous avons donc eu l'immense privilège de pénétrer dans son modeste salon et de nous offrir un modeste buffet camerounais composé notamment de zébus entiers tournés à la broche... A force de modestie, ce vieille homme de 90 ans passé doit être devenu Nassara. C'est certain.