jeudi 13 décembre 2012

Le Nguon

De retour à Foumban pour assister à la fête du Nguon.

Le royaume Bamoum avec l'installation d'un roi puis d'un sultan en raison de son islamisation date du 16ème siècle. Les frontières se sont à peu près maintenues après cette époque guerrière et recouvrent celles du Département du Noun.

Dès le départ, le royaume s'est organisé autour d'un rassemblement traditionnel qui avait plusieurs objectifs principaux. Tout d'abord, la population devait à cette occasion payer le tribut à la cour du roi. Cela permettait de faire des réserves suffisantes pour l'année et maintenait la puissance du royaume. C'était également le moment choisi pour que les "Fonangouon", membres des sociétés secrètes, interpellent sa majesté dans la gestion de son royaume en mentionnant les dysfonctionnements et les difficultés rencontrées au cours de l'année.

De même, le Nguon était en même temps une foire commerciale où l'on pouvait également faire l'échange de "monnaies" diverses et étrangères... Enfin, ce rassemblement avait très certainement une fonction militaire car cela permettait au Sultan de compter ses troupes.

Le colonisateur français pris prétexte des tributs forcés auprès du Sultan pour interdire la tenue du Nguon à partir de 1924. 

Le trône des grands jours du sultan.
Le Sultan actuel, Ibrahim Mbombo Njoya, a souhaité le rétablissement du Nguon en 1993 pour ramener à la vie cet évènement central dans la vie traditionnelle et culturelle du peuple Bamoun. Le maintien du rôle du Sultan, chef traditionnel, dans la construction d'un Etat moderne et administré par la loi commune n'est pas non plus étranger à ce choix.

Le tapis d'accès au trône du roi symbolise le serpent des Bamouns.
Aujourd'hui, on peut véritablement observer un étrange mélange entre traditions, symboliques, résurgences du passé des Bamoun, carnaval et attraction touristique avec une concentration d'occidentaux assez importantes pour ce pays.

Pour l'édition 2012, le désordre a été permanent. 3 heures de retard, un cérémonial chaotique et mal préparé, impossible de bien observer l'évènement sans être obligé de jouer des coudes et de faire sa place...

Il reste une ambiance très particulière que l'on ne réalise pas au premier abord. C'est seulement par après que l'on s'aperçoit de la richesse et de l'intensité de ce rassemblement des Bamoun du Cameroun tout entier voire plus (certains faisant le voyage depuis de lointaines destinations...). On voit également de très belles scènes et en définitive, une réelle solidarité dans ce peuple. En marchant, ils proclament tous "une seule voix, une seule voix, une seule voix...".

J'ai réalisé ce petit reportage "embarqué" pour vous permettre de ressentir ce qu'est la marche du Nguon...





mercredi 7 novembre 2012

Que vive la coopération !

Bien. J'hésite à écrire cet article. Ce n'est pas forcément très glorieux. Après, je peux aussi me dire qu'il est intéressant pour mes lecteurs d'avoir un petit aperçu de la façon dont on peut mener un petit projet ici...

Le marché Manguier à Yaoundé
Il s'agissait d'organiser deux ateliers d'évaluation des transferts de compétences de l'Etat vers les collectivités territoriales "décentralisées" (sic!). Comme il particulièrement compliqué d'obtenir des données chiffrées actualisées on s'est fondé sur les taux d'exécution des crédits de 2010 pour mener cette opération en 2012... 
Bref, les "Termes de Références", c'est à dire le "cahier des charges" permettant de faire venir de France des experts en évaluation des politiques publiques a bien mis 8 mois pour être définitivement rédigés par l'assistance technique française.

On ne pouvait plus reculer l'échéance : la ligne budgétaire sur laquelle on finance l'opération serait close au 30 décembre 2012 et les engagements de dépense devaient s'effectuer avant le 15 novembre.

Il a fallu par après obtenir la validation par les autorités locales. Cette étape, cruciale, a mis 3 mois environ. Mais, il n'a pas été vain de transmettre à de multiples reprises le cahier des charges. A l'occasion d'une audience ministérielle sur un tout autre sujet, le ministre donna son onction à la conduite de l'opération. Il faut dire que le ministère devait également contribuer à hauteur de 20 millions de FCFA pour les frais d'organisation, de déplacements des personnes concernées par les ateliers et les divers frais en conséquence.

Je lance la consultation pour l'intervention des experts-animateurs des ateliers au mois de juillet. Entre assistants techniques, nous sommes solidaires. On se remplace les uns et les autres en cas d'absence... Le choix aurait dû être simple car nous ne recevons qu'une seule offre. Le cahier des charges aurait-il été mal rédigé ? Premier problème, l'offre dépasse le budget. Deuxième problème, un expert exerçait plusieurs mois auparavant des fonctions de conseiller technique au... Cameroun. L'assistance technique étant toujours solidaire une discussion interne s'engagea pour savoir si on pouvait continuer ou pas avec cette unique offre... Ouf ! La hiérarchie à Paris a tranché en faveur de l'offre. Nous pouvons donc y aller.

Les contacts avec les experts choisis sont difficiles à prendre. Un entretien téléphonique de préparation et quelques échanges de messagerie sont tout de même possibles. Il faudra faire confiance à notre sens de l'improvisation et de l'adaptation. Malgré tout, une "sorte" de fil conducteur des ateliers a pu être établi.

La réunion regroupant l'ensemble des participants à la "mission" est difficile. Un ami camerounais remet véritablement en cause les objectifs et le périmètre du projet. Deux heures de discussion en giratoire me permettent de trouver un semblant de position commune.

Tout le monde est prêt pour le départ vers EBOLOWA, chef de Région du Sud. En ewondo, "Ebolo'wa" signifie "chimpanzé pourri". Un chasseur aurait trouvé cet animal mort au sommet d'une colline qui dispose maintenant d'un calvaire mariale juste après l'arrivée des premiers colons allemands (soldats) sur le site.

derrière cette montagne fut trouvé le singe...
Nous arrivons la veille. Nous passons une soirée très agréable sur invitation du Gouverneur de la Région Sud. Il convient de dire que les distractions doivent être rares. L'environnement est dominé par la forêt tropicale. Une petite vidéo sur ce que l'on peut encore très rarement trouver dans ce qu'il reste de cette forêt...


Le lendemain, l'organisation est chaotique. Il faut tout préparer ici et établir un vrai "programme". Cela fonctionne ainsi. Il manque les rallonges électriques, on subit une coupure de courant alors que des présentations étaient prévues. Nous devons organiser la salle et les questions de protocole ne sont pas réglées. Les places sur l'estrade sont chères... Je passe d'un fauteuil à l'autre puis finalement je suis installé à côté de la GIZ, nos chers amis allemands que nous avons associés à notre petit projet dans l'espoir de développer une forme de collaboration. Après les formalités d'usage et l'hymne national, nous pouvons démarrer la première demi-journée à 11 heures du matin (initialement prévu à 9 heures...). Bientôt se profile la pause café et déjeuner...

Je ne m'étendrai pas outre mesure sur le contenu des ateliers. Les intervenants souhaitaient innover dans les outils d'animation et finalement ils ont procédé de façon tout à fait classique avec un méta-plan. Les expressions de la cinquantaine de participants sur les 60 attendus étaient également plutôt sans surprise. Quelques éléments concrets ont pu toutefois être soulevés sur les difficultés liées aux transferts des "compétences" vers les collectivités territoriales. Les participants font parfois des grandes déclarations ou rappellent que certains maires viennent en ville après un conseil municipal pour dépenser en casier de bières les indemnités qu'ils ont perçus.

Le soir venu, chaque membre de la mission s'en va à ses occupations. Les uns vont passer une soirée accompagnés de charmantes compagnies (je ne suis plus trop naïf mais quand même on peut se demander comment ils font pour être aussi réactifs...), les autres préparent la journée du lendemain ou ne font rien. Quelques uns disparaissent corps et bien de la circulation pour aller "au village" voir leur famille ou connaissance. Enfin, un ou deux s'attellent à s'imposer comme intermédiaire entre le ministère qui doit payer certaines factures et les prestataires... cela peut toujours déboucher sur du concret...

Rebelote pour le lendemain. L'organisation est très incertaine. Les mêmes problèmes de protocole se posent pour la clôture des ateliers. Le compte rendu des travaux fait la part belle à la demi-heure que les allemands ont prise pour présenter un tableau excel de leur facture... je suis "dans les cordes"...

Le retour à Yaoundé se fait sans problème particulier la route étant plutôt très bonne malgré une voiture qui donne des signes de fatigue dans les montées. A cette occasion mes compagnons camerounais en profitent pour dénoncer fortement l'intervention de Sarkozy en Lybie contre Khadafi véritablement associé en Afrique à un "père bienfaiteur"... La démocratie telle que nous l'entendons n'est pas souhaitée ou alors elle a un prix : pouvoir manger à sa faim et s'abriter la nuit et lors des intempéries.

Le surlendemain, départ pour Maroua. J'arrive à l'aéroport à 8h30. Le vol partira finalement à 12h. Mon ministre doit se rendre également dans l'extrême nord du pays visiter des populations qui ont subis de fortes inondations avec d'importants dégâts. 70 000 personnes déplacées et probablement plusieurs dizaines de mort. En avez-vous entendu parler ?

Une école (30 ans environ) dévastée par l'inondation.

L'école a repris.
Arrivé à Maroua avec ses 35°, j'échappe de peu à un gros problème de bagage. Mes collègues qui avaient mis leurs valises en soute n'ont pas pu les récupérer. Elles sont toutes restées à Yaoundé... Nous voici donc partis au marché central de Maroua acquérir des vêtements pour ne pas faire les ateliers du lendemain dans les habits de la veille et pour deux jours encore. Nous avions prévu un temps de coordination et de préparation. Il tomba à l'eau.

Une rue de Maroua où l'on mange du soya...
60 personnes étaient attendues. Ils seront 120 dans une petite salle. Nous devons adapter le contenu des ateliers et racheter toutes les fournitures pour faire quand même ce pour quoi nous sommes venus. Toujours le même problème de préparation du programme... et du protocole. L'ambiance avec les hommes du Sahel est toutefois beaucoup plus détendue et chaleureuse. Cela rient, s'agitent, râlent et commentent en toute impunité et sans aucune règle respectée. Seuls l'âge et le sexe établissent des préséances. Entre temps, j'attrape "l'Apollo", une conjonctivite aïgue aux deux yeux. Un vrai vampire...

Pour la petite histoire, cette maladie a trouvé son nom en 1969 lorsque les africains ont constaté une parfaite correspondance entre l'explosion de la capsule spatiale Apollo II et une foudroyante épidémie de conjonctivite virale dans une grande partie de l'afrique de l'ouest et du centre...

En fin de journée, réunion de "coordination" avec les membres présents et disponibles de la mission... Certains ont anticipé les vacances touristiques. Deux nouvelles heures de discussion pour constater nos divergences puis finalement une vision commune des choses qui impose de ne rien changer à ce que l'on fait...

Bref, je prends le temps le soir de boire un verre avec des collègues camerounais dans la rue "Avion me laisse". Il fait tellement bon vivre dans cette "rue de la joie" que l'on ne veut plus en partir même par avion... D'autres, un ou deux, s'attellent à se placer comme intermédiaire incontournables auprès des prestataires hôteliers ou pour la restauration... cela peut toujours déboucher sur du concret... Les bagages arrivent.

un champ de mil.
Il est temps que les ateliers se terminent. J'ai transmis bien involontairement l'Apollo à deux de mes collègues... Le matin nous devons prendre l'avion à 12h pour un atterrissage à 13h30 à Yaoundé. L'avion sera supprimé de Maroua, il faudra aller à Garoua en bus ou voiture à 350 km plus au sud (paysages absolument magnifiques !) pour récupérer un vol qui nous emmènera à Douala puis changer et regagner Yaoundé dans un avion affrété par la CAMAIR-CO auprès d'une compagnie low cost italienne ! 22h30... miracle, nous récupérons tous nos bagages !

Un porte bagage bien occupé...
Maintenant, il va falloir récupérer le projet de rapport de mission et en faire quelque chose...


samedi 13 octobre 2012

Le code télégraphique

Je vais vous raconter une petite histoire sous forme d'instruction administrative telles qu'elles sont pratiquées dans l'administration de la République du Cameroun.

Ai l'honneur STOP vous convier STOP à lire le présent compte rendu STOP relatant le passage de l'examan du code de la route STOP au Cameroun STOP.

CONVOCATION A 7 Heures du matin.
7h10 arrivée au Lycée Général Leclerc de Yaoundé pour composer l'examen STOP
7h40 Appel des candidats STOP Moitié des candidats manquent à l'appel STOP Prénom a servi de nom de famille STOP.
7h45 installation dans la salle STOP Instructions données par surveillante de laisser les papiers et sacs devant la salle de classe STOP Ladite salle de classe n'a plus d'électricité ni de carreaux aux fenêtres STOP.
8h00 aucune instruction donnée STOP Attente STOP
8h10 arrivée retardataire STOP
8h30 aucune instruction donnée STOP Attente STOP
8h35 arrivée retardataire STOP
9h00 aucune instruction donnée STOP Attente STOP
9h10 un homme avec une chemise africaine et une casquette se présente comme le responsable du centre d'examen STOP Instruit de ne pas sortir de la salle.
9h25 arrivée retardaire STOP Je dors dans la salle STOP.
9h30 aucune instruction donnée STOP Attente STOP.
9h35 deux hommes en costumes, belles cravates et belles chaussures recensent les présents STOP.
10h aucune instruction donnée STOP Attente STOP
10h10 distribution de 4 feuilles volantes avec questions relatives au code de la route STOP.
10h05 Un homme signale qu'un candidat à toucher les feuilles STOP Discussion pour savoir s'il faut le faire sortir STOP Le candidat sauve sa peau STOP. Les autres rigolent STOP.
10h20 Sirène pour signifier le début de l'épreuve STOP Je suis surpris STOP.
10h30 Il pleut dans la salle de classe STOP obligation de déplacer le ban pour ne pas être trempé par une grosse pluie tropicale STOP.
10h50 Fini de composer STOP Relecture STOP. Espère réussir STOP.
10h55 Sors du Lycée Général Leclerc STOP Sous la pluie STOP Encore étonné STOP.

Voilà dans la forme il s'agit d'un petit héritage de l'administration coloniale, une administration de "commandement", sur le fond le Cameroun est un pays où le merveilleux se cache partout...

mercredi 26 septembre 2012

Vie d'expat.

On peut légitimement se poser la question de savoir comment concrètement se déroule une vie d'expatrié dans un pays comme le Cameroun. Tout dépend en réalité de son caractère, de l'attachement conscient ou inconscient que l'on a pour ses habitudes de vie, de la composition de la cellule familiale qui participe à l'expatriation, de son ouverture d'esprit qui ne se décrète pas. En effet, il ne suffit pas de le dire pour l'avoir.

Le chemin de fer entre Yaoundé et Daoula
Alors évidement, comme toujours, plusieurs regards possibles.

Le premier se rapproche d'une vie plutôt facile. Pas de souci majeur d'argent compte tenu des différentes indemnités perçues. C'est d'ailleurs l'unique objectif pour quelques uns de réaliser des économies substantielles qui serviront à acquérir un appartement à Paris. Généralement, une famille d'expatriée recours aux services d'un chauffeur, de plusieurs gardiens, d'une ménagère et voire pour certaines à un cuisinier... La maison avec jardin devient une petite entreprise domestique avec les avantages quotidiens que cela procure mais aussi parfois la complexité administrative entre les salaires, les charges sociales, la gestion des différents contrats.

On aimerait aussi également avoir en France les mêmes facilitées offertes par les écoles françaises à l'étranger avec des professeurs bien motivés...

L'autre élément permettant d'affirmer une vie facile tient aux activités de loisirs. Un peu de tourisme pendant les congés scolaires, du sport en semaine et le week end, des soirées chez les uns et les autres. On fréquente le Hilton ou les clubs sportifs fondés parfois par les colons à l'indépendance. On se déplace au Casino pour trouver tous les produits français classiques un peu plus chers. On vient déjeuner ou dîner dans quelques restaurants bien connus dans la capitale avec des prix tout à fait parisien... La couleur blanche domine dans tous ces endroits. Il y a quelques coupures d'eau et d'électricité mais les standards occidentaux sont bien respectés.

Enfin, on habite le même quartier (Bastos), on roule en grosse voiture, l'homme blanc se fait appeler "Patron" ou "Boss" en permanence. Lorsque vous garez votre voiture quelque part un homme sortie de nulle part vient vous ouvrir la porte et porter votre petit sac très léger... Quelques restes antiques non dénués d'arrières pensées très matérialistes...

Le divertissement sous toutes ses formes est facile.

Bien entendu, si vous êtes un volontaire international votre niveau de vie est moins élevé notamment en raison d'un logement plus petit et de l'absence de moyen de transport individuel. Mais la vie en groupe pallie à la plus grande partie des inconvénients qui résultent de cette situation avec l'opportunité de vivre un peu plus proche de la population en général (histoires de coeur comprises !).

Il y a un revers à cette médaille et c'est la deuxième approche. Les choses se font mais il ne faut pas mettre de date. L'activité professionnelle que vous souhaitez toujours très intense n'est pas au rendez-vous. Le conjoint s'ennuie ferme. Le travail est difficile à trouver en raison du peu de temps sur place. Les réunions "tupperware" ne suffisent pas à combler une journée. La fréquentation d'endroits bien identifiés coupe du monde extérieur et du pays dans lequel vous résidez. Vous êtes en réalité de passage sans vous imprégner des mentalités et des façons de penser. Construire des relations amicales est assez compliqué dans la mesure où on peut toujours se demander ce qu'il peut y avoir derrière compte tenu des très grands écarts de niveau de vie et de revenus. Un accueil ponctuel ne permet pas ici de bien comprendre l'âme locale. On peut rester sur une bonne ou mauvaise impression trompeuse.

Bref, l'intégration n'est pas simple. Même si pour les français compte tenu de l'histoire récente ce n'est pas tout à fait les mêmes choses que pour les autres nationalités, vous êtes un étranger et vous le resterez.

Vous vous apercevez au bout d'un certain temps que vous ne mangez quasiment plus de makabo, igname, kanga, ndolé, cok, plantain ou folon... vous reprenez vos réflexes pain saucisson jambon pâté et fromage...

Des antilopes "Cobe Defassa"
Quelques réflexions désagréables peuvent vous surprendre dans la rue surtout en matière de circulation automobile. Elles sont toutefois assez rares, il faut le reconnaître. En revanche, vos faits et gestes sont systématiquement observés. Tout le monde sait ce que vous faites, avec qui vous êtes et où. Il doit y avoir entre 5 000 et 8 000 occidentaux et asiatiques à Yaoundé. C'est à la fois beaucoup mais également peu comparé au 2 à 3 millions d'habitants. Les différentes nationalités se croisent mais, au fond, ne se mélangent pas du moins ici à Yaoundé. Les Chinois, très présents, ne diront pas le contraire. Ils possèdent leurs restaurants, leurs hôtels, leurs maisons. Les chauffeurs des chinois sont très souvent... chinois...

Le Cameroun n'est pas un pays d'immigration y compris pour ses voisins les plus immédiats (Tchad, Nigéria, Gabon, Centreafrique, Guinée Equatoriale). Il n'accueille qu'environ 500 000 touristes par an (selon les chiffres officiels). Il n'y a aucune volonté d'intégrer les personnes étrangères. La culture occidentale a été imposée par le "haut". Elle reste le modèle à imiter quant aux critères de confort de vie.

La succession des chefs traditionnels de Baffoussam
Alors, lorsque par des petits gestes vous souhaitez vous insérer un peu mieux dans la vie et changer votre sandwich saucisson cornichon pour des haricots rouges, oeufs, mayonnaise (le pain "H") et bien on commence par vous regarder d'un oeil méfiant et étonné en se demandant bien pourquoi vous faites ça !

vendredi 24 août 2012

Recommandations

Pendant ces temps de vacances qui s'achèvent quelles seraient les quelques recommandations que je pourrais faire pour ceux qui souhaiteraient s'aventurer au Cameroun ?

L'entrée d'une chefferie de l'ouest Cameroun...

Les chutes d'Ekom Nkam (80 m !)... celle de Tarzan dans Greystoke !
Recommandation n°1 : Ne pas faire une confiance démesurée aux guides touristiques.

Je parle bien sûr des ouvrages écrits (les guides en tant que personne sont quasiment inexistant au Cameroun...). Je n'en ai trouvé aucun qui soient digne d'un réel intérêt. La difficulté majeure étant que les informations valables à un instant donné ne le sont plus du tout parfois seulement quelques semaines plus tard... On dit encore que tout est lent en Afrique mais en réalité tout bouge tout le temps... mais jamais comme on l'a prévu ou on l'attend.

Un panorama sur le Mont Mbapit

Le lac volcanique du Mont Mbapit...
Recommandation n°2 : Tout est discutable.

Dans cette matière, il n'y a pas de limite. Vraiment. Il faut essayer systématiquement. Que ce soit pour la chambre d'hôtel comme l'entrée dans un musée. Parfois cela marche et d'autres fois cela ne marche pas... mais le principal est d'essayer ! Concernant les aliments et boissons sur les marchés, les prix annoncés sont généralement les bons. Les prix des petits objets vendus dans la rue sont corrects également la plupart du temps (boites de mouchoirs, cola, pinacola, gâteaux, beignets...). Les vendeurs ici ont un septième sens pour détecter vos plus profonds désirs et le prix est proportionnel à l'intensité de votre désir le plus immédiat... la moralité est qu'il faut au moins commencer à diviser par trois ce que l'on vous annonce. Si vous n'êtes pas du tout habitué à cette pratique il faudra vous y mettre. Dans ce cas, parcourez préalablement à votre arrivée les rayons de la FNAC pour trouver le manuel "Savoir négocier pour les nuls"... Vous en aurez grandement besoin !

La salle du trône du Sultan à Foumban

Une frise de guerriers dans la salle du grand tambour à Foumban

Les musiciens du Sultan lors de la fête de la fin du ramadan
Recommandation n°3 : Tout service cherche à se faire payer.

Sur un site touristique ou autre, lorsqu'une personne s'approche de vous pour vous rendre un service quelconque ne soyez pas surpris si après elle vous demande une "motivation"... Au début j'avais plutôt tendance à refuser. Je continue de le faire lorsque la demande est trop clairement orientée pour aller boire du "kitoko" (whisky frelaté) ou de la "Castel" (bière locale). Après, certaines personnes en ont réellement besoin pour le repas du jour et du lendemain peut-être si vous êtes généreux.



Après avoir fait quelques photos et mettre relativement bien placé lors de la cérémonie de fin du ramadan au sultanat de Foumban, le chef de la politique locale s'approche : "tu n'aurais pas quelque chose pour motiver la police du Sultan ?", je réponds : "j'ai déjà donné hier soir aux musiciens pour qu'ils jouent bien aujourd'hui". Voilà, tout est dit, de façon élégante et avec le sourire...

Le trône du Sultan. Serpent à doubles têtes, perles, jumeaux, cauris... tous les symboles sont là ! 
Pour ceux qui souhaitent plus d'explication : chez les Bamouns (musulmans à 90%), les jumeaux sont traditionnellement adoptés par le Sultan. Ils sont un symbole magique, de force, de puissance... Le serpent à deux têtes rappelle la victoire simultanée d'un sultan précédent contre deux autres ethnies ennemies en même temps, les perles et les cauris trouvent leurs origines notamment dans la traite négrière... esclaves contre verroteries et pacotilles... en posséder est un symbole de richesses et de fortunes...

Les chefs traditionnels du sultanat Bamoun...

La garde du Sultan lors des cérémonies religieuses.

Le roi Bamoun ! Le Sultan !
C'est un homme modeste. Il a officiellement seulement 15 femmes... Son aïeul, le sultan Njoya possédait au XIXème siècle 684 femmes...

Recommandation n°4 : Savoir rester modeste.

Comme j'ai déjà pu le dire, le blanc est synonyme d'argent. Ce n'est qu'un avis personnel mais s'il vous plait évitez de vous promener avec un appareil photo à 800 ou 900 €... Ne mettez pas non plus vos plus beaux bijoux lorsque vous irez au marché mokolo... ils ont le même effet que des aimants !  Ce n'est pas la peine non plus de mettre l'équipement "d'Indiana Jones". L'Afrique n'est plus ce qu'elle était il y a 150 ans !!! Il y a des voitures, des maisons, des routes (certes pas en bon état !), de l'eau (avec coupures), de l'électricité (avec coupures), des gens aussi qui veulent par dessus tout ressembler à ce qu'ils constatent à la télévision; c'est à dire un monde où tout est facile et accessible... lorsqu'une voiture est embourbée ou à du mal à démarrer : donnez un coup de main ! Ne regardez pas les autres sans rien faire, cela pourrait vous arriver... et puis globalement les gens sont civilisés et ne se promènent plus avec une ceinture de bananes autour de la taille... ils ne se sont d'ailleurs jamais promenés comme cela...


L'armée Bamoun est en marche !!!



Recommandation n°5. Relativiser et soyez patient avec les petits "abus" du quotidien.

C'est peut-être la recommandation la plus complexe à respecter. Tout d'abord la circulation dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala n'est faite que de conducteurs et chauffeurs qui ne souhaitent qu'une chose : forcer le passage... Les priorités ne sont jamais respectées et parfois le sens de circulation non plus...

Ensuite, je vous conseille de disposer sur vous de billets de petits montants. Le "cash" est la valeur sûre ici. Les paiements par carte bancaire sont rares même si les distributeurs sont maintenant fréquents. Si vous souhaitez payer des boissons ou des petits plats dans les tournedos avec un énorme billet de 10 000 FCFA alors on va vous répondre systématiquement "y'a pas la monnaie..." Peut-être l'occasion d'arrondir la facture ? Conservez les petites coupures et les pièces. Vous pourrez dans ce cas toujours payer. Il m'est même arrivé de devoir faire la monnaie pour payer une facture d'eau. La guichetière prétendait n'avoir pas ce qu'il fallait.

Enfin, vérifier bien ce que vous achetez. A titre d'exemple, j'ai voulu acquérir un briquet à gaz très commun. Et bien, il a fallu regarder qu'il y avait la quantité de gaz nécessaire... la plupart étaient complétés à moitié ! La visite préalable d'une chambre d'hôtel s'impose également avant de faire définitivement votre choix... sinon les surprises sont au rendez-vous.

Autre petite anecdote, emportez avec vous un poids de 1 kg. Les balances n'ont pas toutes le même réglage... Dans un restaurant à Douala, j'ai payé 1/2 kg de gambas au prix de ... 1 kg ! Bref, vérifiez les instruments de mesure avant de les utiliser ou alors prenez de bonnes références. Dans le même esprit, le gonflage des pneus de votre voiture à la bonne pression est aussi un exercice passionnant !

Recommandation n°6. Apprécier voire aimer le Cameroun.

Malgré ses nombreux défauts, ce pays détient de belles merveilles de la nature. C'est également le pays de tous les possibles, le meilleur comme le pire. Même si l'intérêt n'est jamais loin les gens sont généralement très tolérants vis-à-vis des touristes et plutôt accueillants. Les "Grandes Réalisations" chinoises du Président Paul Biya sont en cours, elles détruisent beaucoup de choses sur leur passage (faunes, flores, paysages, mentalités, cultures locales...) alors ne traînez pas trop...

J'aurai très certainement l'occasion de compléter cette table des recommandations. Pour l'instant, c'est ce que je vois...





mercredi 1 août 2012

Un autre Kameroun

Avant l'arrivée de la famille j'ai pu effectuer un long trajet particulièrement riche de paysages et de quelques rencontres fortuites. Entre une route en parfait état jusqu'à la frontière de la Centrafrique et des murs de boue entre Banyo et Foumban, je me souviendrai de ces 400 Km de piste parfois défoncées. Ca et là on peut toutefois constater des évolutions positives comme le raclage d'une piste nous permettant de rouler à presque 80 Km/heure pendant 2 heures ou l'élargissement d'une piste pour en faire un terrain d'aviation.

Malgré tout, les photos restent évocatrices. Les maisons de terre prédominent dès lors que l'on remonte dans le nord du pays. Les villages ne sont pas éclairés pendant la nuit. L'électricité reste un luxe. Les écoles sont construites par l'UNICEF. Je me suis laisser dire qu'il y en avait d'ailleurs trop, les familles n'ayant pas suffisamment d'argent pour envoyer leurs enfants à l'école. Bref, des écoles neuves mais vides d'élèves...

Le nord et le nord ouest du Kameroun sont des terres musulmanes. Foumban abrite un sultanat célèbre et représentatif de la culture Bamoum. Le Sultant Njoya a pu développer sa propre écriture et religion... en fonction des intérêts du moment. 

Un marché construit à l'époque allemande à Bertoua (toit en tuiles...)

Village de l'Adamaoua

Le Mont du "Nombril" (Ngaoundéré)

Un pic-boeuf. Reconnaissable à son beau bec...

Vue en hauteur de la savane africaine

Le lac volcanique Tison.

Une chute d'eau de la Vina. Fleuve sur la route de Ngaoundéré

 L'Adamaoua est la région centrale pour l'élevage du bétail. Des étendues immenses de pâturages ou d'une savane verte et clairsemée forment le paysage. La petite saison des pluies fait son effet. Au mois de février, tous ces paysages ne seront que désolation sous l'effet de la chaleur.


Les plaines de l'Adamaoua

Un marché sur la route de Tibati

Une chefferie dans l'Adamaoua
Trouver son chemin est souvent compliqué. Il faut toujours faire usage de sa langue en tombant quelquefois sur des personnes ne parlant que le foufouldé, langue du nord du pays parlée par les bororos et les peuls (je crois).


Prendre des photos donne aussi des idées à certains passants qui prétendent que telle ou telle maison est à lui donc il faut "compenser" le fait d'avoir pris des photos.

Le Sultant Njoya 16ème du nom.

La mosquée de Foumban

Femmes rue le marché (tomates et safou)

Le Palais du Sultan Njoya impressionné par la résidence du Haut Commissaire  allemand

Une maison avec un toit en tuiles...

Une petite excursion dans l'ouest du Cameroun m'a emmené dans la chefferie de Baffoussam. En mauvais état mais purement bamiléké... Il faut emporter sa lampe torche pour visiter le musée. D'autres chefferies seront à voir.


Porte d'entrée du chef traditionnel à Baffoussam

Les toits typiques des chefferies de l'ouest
Il me reste maintenant à emmener un peu toute la petite famille dans différents endroits. Les questions logistiques ne seront pas à sous-estimer...

lundi 16 juillet 2012

14 juillet

Le 14 juillet, l'ensemble des collaborateurs qui ont un lien direct ou indirect avec l'Ambassade de France ou des organismes et institutions représentatives des intérêts français au Cameroun sont invités à célébrer dans l'allégresse la fête nationale. Les autres nationaux ne peuvent plus se rendre dans les jardins pour profiter du fromage et de la charcuterie à volonté. Les restrictions budgétaires ont eu raison de cette tradition.

Je pensais également assister à un hommage militaire au drapeau avec les quelques gendarmes, gradés et officiers supérieurs présent au "poste" mais rien du tout... Cela aurait été cocasse de constater qu'il y a plus d'officiers supérieurs dans un poste diplomatique que de militaires de "base". Je n'ai d'ailleurs aucune relation avec ces personnes. Leur environnement semble extrêmement fermé et centré sur eux-mêmes. Les discussions de cette soirée entre les "madames" de ces "messieurs" m'ont confirmé cet état de fait. Ce bouquet de "gradés" peut aussi se comprendre par le type des missions à réaliser.

En revanche, l'Ambassadeur, dans son discours, n'a pas oublié de citer les "sponsors" de la soirée : orange, casino, razel (filiale de Bouygue), Boloré industries, total,...

Moment très important de la vie diplomatique locale, son Excellence l'Ambassadeur de France se doit aussi d'inviter à la célébration les personnalités qui comptent au Cameroun. Ministres, parlementaires, élus locaux, syndicalistes, grands directeurs des administrations centrales, artistes, personnes les plus influentes dans le débat public camerounais. La quasi totalité des ministres du gouvernement du Cameroun et plus de 1 000 personnes étaient présentes lors de cet évènement. Toute la communauté diplomatique a répondu également à l'appel.

On peut toujours se demander en quoi c'est nécessaire. A première vue, c'est coûteux et ne rapporte rien. Les grandes décisions ne se prennent pas les 14 juillet. En même temps il existe de nombreux points positifs. Tout d'abord, cela permet de manger très correctement et sans frais pour le consommateur. Honte à toi me direz-vous ! Je me tropicalise un peu alors j'ai bien le droit d'en profiter non ? C'est l'occasion également de rencontrer quelques personnes et d'échanger des cartes de visite. J'en ai déjà écoulé au moins 200 depuis le début de mon séjour et cela n'arrête pas... Ensuite, les conversations sont facilitées après quelques coupes de champagne, saucissons et petites quiches lorraines. Enfin, c'est lors de ces évènements que l'on peut comprendre comment la question du rayonnement de la France doit se construire. Mélange subtil entre intérêts économiques bien compris mais également points communs plus intellectuels. Dans ce genre de situation on comprend que la culture peut être une arme politique. En revanche le modèle social français n'attire personne... 

Paradoxalement, la France au Cameroun est souvent l'objet de discours enflammée à son encontre mais tous les jours, les camerounais regardent France 24, TF1, France 2 et Canal + à longueur de journée. Ils sont plus familiés de la politique française et du football que moi. Ils nous critiquent mais nous adore en même temps. Ils nous accusent souvent de leur malheur mais reconnaissent que la dégradation de la situation au Cameroun n'est venue que de leurs élites. Ils veulent voir la main de la France dans les changements de gouvernement mais sont incapables de faire référence au point précis prouvant leur affirmation. Bref, le Cameroun est camerounais mais il respire la France, à "l'insu de son plein gré"...

Pour ces raisons, venir à la Fête du 14 juillet à l'Ambassade de France est un vrai plaisir pour beaucoup. J'ai d'ailleurs servi de mannequin blanc, pour faire comme à Paris selon la femme qui m'a sollicité avec son mari ! La politique étrangère de la France et son rayonnement ne tient qu'à quelques photos.

dimanche 8 juillet 2012

Une question d'âme


J’aimerai pouvoir expliquer ce qu’est l’âme camerounaise. C’est une tâche particulièremen difficile comme pour la description des conditions de travail. A la fois possible mais forcément incomplet . On ne peut pas tout écrire. Je pense pour autant que plusieurs grandes caractéristiques peuvent nous permettre de l’approcher un tant soit peu.

J'en profite pour agrémenter cet article de quelques photos issues de mes petites pérégrinations de week-end.

Moto taxi à Cotonou
Tout d’abord, il n’y a pas d’âme uniforme. Les 280 groupes ethniques qui composent le Cameroun ont bien entendu chacun leur identité, leur force, leur faiblesse. Les Bamilékés sont réputés pour amasser de l’argent, les Ewondos pour le dépenser, les Bassas pour être des procéduriers hors pairs, les Doualas rebelles à toute forme d’autorité, les Etons pour avoir un quart d’heure de folie par jour et ainsi de suite… Bref, on ne peut généraliser un constat. Cela serait trop risqué et inexact. De multiples variations existent et aucune vérité ne peut être tenue pour définitive. Je ne fais pas l’éloge du relativisme, il faut simplement avoir conscience de la multiplicité des conceptions du monde. Tout est une affaire de croyance et de cosmogonie. C'est cela qui est universel.

réception à l'ambassade de France au Bénin
petit atelier de fondeur de bronze à Cotonou

L’âme camerounaise voit les choses sur 360°. Le champ de vision est très large et englobant. Il est aussi extrêmement pragmatique. On construit plutôt son identité sur ce que l'on fait et non sur son origine familiale ou son statut scolaire. Vous êtes observé et analysé. Le moindre écart d'émotion est perçu est interprété en force ou faiblesse. Il n'y a pas de volonté de catégoriser ou de classer définitivement comme on peut souvent nous le reprocher. A contrario, cette âme englobante n'est pas synthétique. Cet exercice apparaît pour de nombreux esprits très difficile. La synthèse suppose de fabriquer des ensembles étanches ou disjoints. Tout est profondément dans tout pour l'âme camerounaise. Toutes les portes sont ainsi toujours ouvertes et peut favoriser autant les violences extrêmes que les solutions négociées avant, après ou pendant un épisode de violence.


publicités sur la plage d'Obama à Cotonou
L'âme camerounaise ne se projette pas dans le temps. Tout d'abord et j'ai déjà pu le dire, tout est lent mais rien ne s'arrête. Ensuite, la prévision ou la prospective est hors de portée pour de nombreuses personnes. Lorsque le pays a vécu une période d'instabilité économique particulièrement forte où personne ne savait ce que demain allait offrir comme bonheur ou malheur, la tendance est plutôt de saisir l'instant présent peu importe les conséquences ultérieures. Ce qui est pris n'est plus à prendre et dans la compétition quotidienne pour survivre celui qui a pris a marqué un point.

La ville de Mvengue. Chef lieu d'un Département...

village traditionnel en pleine brousse (Ngoum).

pont fabriqué par les habitants pour désenclaver leur village
cuisine traditionnelle. celle-là est rangée et propre.
L'âme camerounaise entretient un rapport sans tabou avec son corps. Un travail important de recherche a très certainement été conduit mais il mériterait d'être poursuivi. Il s'agit probablement d'un prolongement de cette capacité à voir les choses sur 360°. Pour être clair et direct, sauf pour les esprits musulmans, la sexualité est plus libre. La femme fait généralement ce qu'elle veut de son corps avec qui elle veut. Les hommes jaloux font bien entendu la même chose. Cela engendre des relations multiples et rapides dès lors que les individus se plaisent. Certains parlent de sexualité "désordonnée". La nudité en public n'est pas non plus une atteinte à la pudeur. Il n'est pas rare de voir uriner (au mieux) les hommes (et femmes) dans la rue sans même se cacher. J'aurai l'occasion de revenir sur les rapports entre hommes et femmes. Ils ne sont pas si déséquilibrés que certains blancs voudraient qu'ils soient.

animaux sauvages de la forêt tropicale ;-))

enfant d'Ebom.
Enfin, ce que je peux encore indiquer c'est la très grande violence des rapports sociaux qu'entretiennent entres elles les âmes camerounaises. Il faut dominer pour ne pas être dominer. Les caractères faibles sont systématiquement écrasés ou réduit en exécutant sans droit. Il faut exploiter l'autre. C'est un principe. Les solidarités à l'intérieur d'un groupe social existent bien sûr mais elles sont intéressées et pragmatiques. Soi-même, la famille, le village, le groupe éthnique; voilà leur ordre de priorité. Cela signifie que "soi-même" peut être conduit à faire un mauvais coup à sa propre famille et ainsi de suite. Pour cela il faut parfois mentir. Cela ne pose aucun problème à l'âme camerounaise qui a perdu depuis les grandes crises le sens de quelques valeurs fondamentales. Le mensonge est fait sans vergogne et toutes les opportunités (cf plus haut) sont bonnes à prendre. Il n'est pas rare non plus de voir dans les logements des familles les plus démunies des portes de chambres fermées avec un cadenas ou des coffres métalliques fermées avec ses propres affaires.

sur la route en Mvengue et Ngomendjap

héritage de la France au Cameroun
Alors tout est-il négatif ? Non. L'âme camerounaise possède une profonde vitalité à l'exacte opposée de la tristesse et le goût pour la dépression de l'âme française. Le sens de la débrouille est impressionnant avec une capacité à partir de rien pour faire quelque chose. Faire la fête est interprétée comme une façon de soigner sa souffrance quotidienne. J'ai également pu constaté un goût prononcé pour la dérision. Les "blancs"  sont bien entendu les premiers visés mais les épisodes les plus graves de la vie de l'âme camerounaise sont pris parfois avec une légèreté qui déconcerte.

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