Je crois vous avoir déjà sensibilisé à la question du protocole à diverses occasions. Il s'insinue dans de multiples actes de la vie professionnelle voir de la vie quotidienne. Il ne faut pas se tromper, nous avons également nos petites et grandes façons de faire mais ici, au Cameroun et en Afrique francophone en générale cette question est essentielle.
En réalité, cela ne tient qu'à un adage :"l'habit et le titre font le moine"... Le titre de directeur suffit à réclamer sa part du gâteau, avoir un gros 4x4 Toyota avec un chauffeur est signe de distinction et d'autorité, le port de la cravate dans une administration est obligatoire dès lors que l'on s'habille à l'occidental... La répartition des voitures est toujours sources des plus grandes batailles... Dans nos contrées sauvages c'est plus subtil... Il faut maintenant apparaître détaché de l'avoir pour être tout en suggérant que l'on a beaucoup... On ne porte pas la cravate mais un costume hors de prix, la voiture est sans chauffeur mais il s'agit du modèle à la mode des plus récents. L'apparence joue mais sur d'autres ficelles. Ici, au Cameroun, le respect de la fonction est un préalable à tout autre horizon.
Pour illustrer mes propos rien ne vaut des cas concrets...
La première illustration remonte à la cérémonie des voeux pour la nouvelle année 2013. Imaginez-vous dans la plus grande salle du Palais des Congrès de Yaoundé (à la mode chinoise, ses concepteurs et constructeurs...) en présence de tous les "grands" du Ministère... Une cérémonie qui commence par une grande table isolée sur une immense estrade, en retard d'une bonne heure bien sûr.
Toutes les autorités ne sont pas là mais elles sont en route... |
Vient ensuite une longue parenthèse puis une distribution des médailles du travail. La plupart des récipiendaires étaient absents. Mon voisin m'indiqua que certains étaient morts, d'autres en retraite depuis au moins 3 ans...
Après, il faut souhaiter les voeux aux ministres (il y en a deux : un ministre et un ministre délégué...). Le manège se met donc en place : services et bureaux se rassemblent et se mettent en rang pour que chaque personne puisse serrer personnellement la main des deux autorités. Devant les photographes. La photo n'est pas bonne mais je l'a mets quand même. C'est toujours mieux que rien.
Le chef du protocole appelle à chaque fois les services ou bureaux : "les distingués membres du cabinet du Ministre !!" Tiens ! c'est à moi, je me mets à la file... on retourne ensuite à sa modeste place et on fait des commentaires désobligeants sur les suivants.
La deuxième illustration est l'équivalent d'un retour en arrière. Une aimable étudiante de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) est venue me rencontrer pour évoquer le sujet de mémoire suivant "La coopération France-Cameroun en matière de décentralisation territoriale". La relecture de ce travail m'a permis d'apprendre que le Cameroun avait mis en place un véritable régime de libertés politiques ce qui explique pourquoi le processus de décentralisation peut sans modération se concentrer sur le "développement", c'est à dire le bétonnage et le bitumage...
La soutenance du mémoire de niveau "master" se fit donc à l'IRIC dans un amphithéâtre de taille modeste mais déjà bien complet sous le regard du Président toujours en exercice Paul Biya. On peut tout de même reconnaître qu'il a su se refaire un nom dans nos contrées sauvages il n'y a pas si longtemps.
Tout le village était presque réuni au grand complet, les parents, les beaux-parents, le mari, les tantes, les oncles, les enfants, neveux, nièces et cousins... A l'entrée des trois membres du jury, tout le monde se leva. Il va s'en dire que l'on était en retard par rapport à l'horaire annoncée. L'éminent Professeur qui a "dirigé" le mémoire s'est évertué à amadouer ses deux autres collègues en expliquant que son étudiante avait été longuement malade et donc qu'elle a été très courageuse de finir son travail. Le rôle de méchant fût dévolu à un "chief examinator" qui utilisa des concepts dont je ne me souviens plus. L'étudiante était particulièrement stressée (ce qui est assez rare à observer ici car souvent c'est très très bien caché) et elle répondit ce qu'elle pu.
Je ne me risquerai pas à faire des jugements à l'emporte pièce sur la qualité du rendu. Les standards universitaires de nos contrées sauvages se délitent autant que ceux d'ici se consolident. 17,5 sur 20 quand même...très généreux... A l'énoncé de la note une véritable explosion de cris, de pleurs, de félicitations se fit entendre dans ce modeste amphithéâtre de l'IRIC. C'était comme une victoire du PSG sur l'OM, les émeutes en moins !
Chacun dût, là encore, venir cette fois-ci embrasser l'heureuse lauréate avec bouquets de fleurs à la clef. L'invitation au coktail ne tarda pas par le mari servant de chef de protocole... vers une salle sans trop de charme dans un restaurant d'Obili (le quartier de l'IRIC) profusion de vin de bordeaux, de mangeailles et de tripailles sur les tables... je pu m'éclipser avec un emploi du temps chargé comme le mien c'était normal.
Avec ce nouveau titre et bien habillée l'étudiante pourra s'élever dans l'échelle sociale Camerounaise même s'il manque beaucoup de barreaux...
La soutenance du mémoire de niveau "master" se fit donc à l'IRIC dans un amphithéâtre de taille modeste mais déjà bien complet sous le regard du Président toujours en exercice Paul Biya. On peut tout de même reconnaître qu'il a su se refaire un nom dans nos contrées sauvages il n'y a pas si longtemps.
Tout le village était presque réuni au grand complet, les parents, les beaux-parents, le mari, les tantes, les oncles, les enfants, neveux, nièces et cousins... A l'entrée des trois membres du jury, tout le monde se leva. Il va s'en dire que l'on était en retard par rapport à l'horaire annoncée. L'éminent Professeur qui a "dirigé" le mémoire s'est évertué à amadouer ses deux autres collègues en expliquant que son étudiante avait été longuement malade et donc qu'elle a été très courageuse de finir son travail. Le rôle de méchant fût dévolu à un "chief examinator" qui utilisa des concepts dont je ne me souviens plus. L'étudiante était particulièrement stressée (ce qui est assez rare à observer ici car souvent c'est très très bien caché) et elle répondit ce qu'elle pu.
Je ne me risquerai pas à faire des jugements à l'emporte pièce sur la qualité du rendu. Les standards universitaires de nos contrées sauvages se délitent autant que ceux d'ici se consolident. 17,5 sur 20 quand même...très généreux... A l'énoncé de la note une véritable explosion de cris, de pleurs, de félicitations se fit entendre dans ce modeste amphithéâtre de l'IRIC. C'était comme une victoire du PSG sur l'OM, les émeutes en moins !
Chacun dût, là encore, venir cette fois-ci embrasser l'heureuse lauréate avec bouquets de fleurs à la clef. L'invitation au coktail ne tarda pas par le mari servant de chef de protocole... vers une salle sans trop de charme dans un restaurant d'Obili (le quartier de l'IRIC) profusion de vin de bordeaux, de mangeailles et de tripailles sur les tables... je pu m'éclipser avec un emploi du temps chargé comme le mien c'était normal.
Avec ce nouveau titre et bien habillée l'étudiante pourra s'élever dans l'échelle sociale Camerounaise même s'il manque beaucoup de barreaux...