vendredi 15 juin 2012

Tourisme en continue.

Encore des illustrations de mes escapades touristiques autour de Yaoundé le week-end.

Tout d'abord la Basilique d'Akono à 1 heure de route de la capitale. Construite en 1933 sur le modèle de Notre Dame de Paris par les Soeurs de la Croix de Strasbourg, le bâtiment est entouré d'autres constructions qui m'évoque une certaine région de l'est de la France.




Arrivés en pleine procession de l'ascension, le site était véritablement "incarné".


On se doit de préciser que l'Eglise n'a pas su ou voulu empêcher les chants traditionnels au cours des célébrations. Autre point aussi intéressant, les Ewondos, principal peuple de la forêt du Kameroun, croyaient déjà en un seul dieu avant l'arrivée des colons : Zamba (dieu en ewondo). Cela a dû grandement faciliter la tâche. Les historiens racontent d'ailleurs que la grande légende Béti, dont font partie les ewondos, sont arrivés d'Egypte... étonnant non ?



Poursuite du petit périple dominical par les grottes d'Akok Békoé. En Ewondo "Akok" signifie "rocher". Je n'ai pas la signification de Békoé. Il pourrait s'agir d'un terme pygmée. Il s'agit d'un ensemble de 5 grottes ou caves avec chacune des particularités. La plus grande abrite une petite église. La plus belle abrite les réunions traditionnelles du village. La plus sombre contient de nombreuses chauves souris...




Enfin, fin du périple dominical par le site d'Ebogo sur les bords du fleuve Nyong qui était, il y a quelques temps, plus important que la Sanaga. Avec l'évolution du climat et la baisse des pluies le fleuve se rétrécit. Cet endroit est très prisé des blancs expatriés par sa proximité avec Yaoundé et sa facilité d'accès. Les prix s'en ressentent également. On y mange du vulgaire poisson chat pour très cher... mais bon, le blanc paye toujours...




Enfin, au détour d'une route, à un point stratégique (Doumé), on trouve de belles traces de la présence coloniale allemande. Les toitures des maisons sont d'origine. Elles n'ont pas bougé depuis 100 ans. Il ne faut pas oublier également les poteaux d'exécution des "rebelles" construits en dur...








Note d'ambiance

Les quelques jours passés à Bertoua, capitale de la Région Est du Kameroun, m'ont rappelé que je n'ai toujours pas décrit les ambiances au travail au sein de l'administration locale.

Le sujet est délicat car il faut savoir se détacher de nos a priori très nombreux en la matière. En effet, on a le choix entre deux attitudes.

L'une est profondément critique et revient à considérer que le kamerounais ne sait pas travailler. Il ne respecte aucun horaire, est toujours en retard aux réunions, passe son temps au téléphone alors qu'on est en train de lui parler, cherche à contourner chaque interdiction ou à trouver des "arrangements" pour que le travail qu'il n'a pas fait soit reprocher à quelqu'un d'autre. Il n'hésitera pas non plus à être de mauvaise foi ou mentir de façon si exagérée que l'on peut en avoir le souffle coupé. Sa fierté le pousse à vouloir contredire systématiquement ce que dit "le blanc" et parle pendant de longues minutes pour finalement ne rien dire à la fin.

L'autre s'attache à mettre en avant les différences de culture et de mentalité. Comme j'ai déjà pu l'exprimer, le rythme est à la fois lent mais il ne s'arrête jamais. Il peut aussi s'accélérer et donner des résultats lorsque l'intérêt est là. Certains passent des journées entières voire des week-ends au travail. Les projets finissent par sortir de terre et trouver une certaine réalité.

Vous allez me dire : "Oui, mais toi qui est au pays et qui est censé travailler avec eux, qu'en penses-tu ?"

Et bien, je vous répondrai que je n'en sais encore trop rien. Mes réflexions oscillent en permanence entre les deux versions et pourtant, je ne suis ni Suisse ni Normand. Toutefois, quelques grands axes peuvent expliquer les ambiances au travail.

Tout d'abord, le  fonctionnaire kamerounais n'aime pas le silence. Il est en cela le reflet de tout camerounais. Outre son téléphone personnel qui sonne constamment, il lui arrive régulièrement d'écouter dans son bureau la radio et la télévision en même temps. Le plus symptomatique étant d'avoir un entretien individuel avec un responsable de l'administration qui vous écoute, regarde la télévision et répond au téléphone à une de ses connaissances. Pour tout dire cela donne des complexes à mon téléphone qui ne s'agite que 3 ou 4 fois dans la journée.

Ensuite, je répète, le fonctionnaire kamerounais aime parler. La rhétorique est appréciée. Un homme qui parle bien gagne inévitablement des points dans l'estime des autres. Cela peut donner lieu à des scènes cocasses où l'objectif de la réunion n'est finalement pas l'ordre du jour mais bien celui de parler en public le mieux possible. Il faut dans ces cas beaucoup de patience...

Il faut savoir également que la société camerounaise dans son ensemble est fortement marquée par toutes sortes de fêtes ou d'évènements, les plus importants étant finalement les deuils. En effet, les solidarités familiales son essentielles et chacun se doit d'être présent lorsqu'un décès survient. Même si on est né à Yaoundé, son village est celui de ses origines familiales. L'enterrement peut prendre parfois deux à trois jours entre la "levée du corps", sa préparation et son ensevelissement. Les jeudis et vendredis sont les jours préférés de la semaine pour faire les levées. Dans certains endroits comme en pays Bamiléké (à l'ouest), l'enterrement peut se faire deux ou trois ans plus tard lorsque la famille a accumulé suffisamment de moyens pour faire une cérémonie grandiose montrant l'importance de celui qui est décédé. En pratique le corps est déjà en terre mais on tient à ce que la cérémonie soit répétée. Il arrive également que la famille, après quatre ou cinq ans, déterre le crâne du défunt et le conserve dans la pièce consacrée à cet effet avec les autres aïeux. Tout cela pour expliquer que le jeudi et le vendredi sont des jours où les "autorisations d'absence" sont fréquentes pour "voyager".

Alors, évidemment, le lundi matin est mis à profit pour faire le trajet de retour du village vers Yaoundé ou Douala.

Autre particularité, les nominations. Chaque semaine le vendredi à 17 heures, la radio nationale égrène les nominations de fonctionnaires d'un poste à un autre. Seuls restent au bureau ceux qui espèrent une promotion. Le mystère est total sur la façon dont ces nominations s'opèrent. Chaque semaine les discussions vont bon train sur ce qui se passera "vendredi". Si on bénéficie d'une telle chance, on considère, en quelque sorte, que vous êtes touché par la grâce et qu'il faut dignement célébrer cet évènement.

Enfin, et c'est probablement un domaine dans lequel les stratégies individuelles sont les plus élaborées, les réunions sont au coeur de toutes les préoccupations. Faire partis d'un comité de pilotage, d'un groupe d'étude ou de suivi, d'un secrétariat technique est source de revenus. En effet, les membres de ces différents types de comité sont désignés par l'autorité administrative. Cette désignation emporte le versement d'une indemnité de participation et de transport dès lors que l'on a assisté à la réunion. Elle peut aller jusqu'à l'équivalent d'un mois du salaire de base d'une personne pour une réunion. Dès lors, on comprend le très fort intérêt des fonctionnaires a intégrer un projet. Je laisse au lecteur le soin d'imaginer toutes les conséquences directes et indirectes que cette pratique entraîne.

Alors, gardez à l'esprit toutes ces caractéristiques, faites un mélange de tout ça et imaginez l'ambiance au travail. Bon. Je vous l'avoue, il manque encore quelques caractéristiques croustillantes mais cela sera pour une prochaine fois (peut-être !).


lundi 4 juin 2012

Du tourisme pour éviter l'ennui du week-end.

L'ennui vient rapidement à Yaoundé le week-end. A part faire du sport, lire ou alors boire de la "Castel" et écumer les cabarets de la ville, il n'y a pas grand chose à faire. Les distractions culturelles se limitent la plupart du temps au Centre Culturel Français avec une offre variable. Il n'y a plus de cinéma au Kameroun depuis 3 ans. Les expositions et autres activités culturelles sont rares ou largement inadaptées et souvent matière à faire d'abord des affaires. En occident, c'est pareil mais le verni est mieux présenté... Ici on est sollicité clairement au bout de 5 à 10 minutes.

Il m'arrive donc de faire du sport, de passer un peu de temps à apprendre l'ewondo, de réapprendre à lire un minimum, de faire la visite des librairies locales, de continuer à découvrir la ville, ses quartiers, ses marchés (avec pas grand chose dans les poches !). Pour en avoir fait à peu près le tour, je fréquente de moins en moins les restaurants pour les blancs aux prix exorbitants et commence à m'intéresser à ce qui existent dans les quartiers et manifestement il y a de bonnes chances de trouver un excellent rapport qualité/prix !!

Mon autre activité est désormais de faire du tourisme autour de Yaoundé pour l'instant. Avec un peu de préparation et parfois de la persévérance, on réalise le potentiel touristique de ce magnifique pays. Les expatriés se plaignent du manque de sites, mais il faut simplement savoir chercher, partir courageusement sur les pistes et ... ne pas avoir peur du peuple de la forêt... L'esprit de découverte de tous mes compatriotes peut effectivement s'en trouver limiter consciemment ou inconsciemment. Il est parfaitement vrai que cela peu poser des difficultés car on ne sait jamais vraiment qui on rencontre.

L'essentiel est d'être pragmatique lors de ces petits voyages. Entre mes compagnons de route camerounais qui ne veulent pas grimper sur les rochers de peur d'attirer le mauvais esprit, qui ne sont pas rassurer à l'idée de partir sur de profondes pistes par temps un peu pluvieux (ce qui est compréhensible) ou alors qui ne comprennent pas pourquoi je prends des photos d'un vulgaire arbre qui pousse sur un caillou, le chef du village a qui on doit demander l'autorisation de visiter le site contre "compensation", les forces de l'ordre qui ont mal à la tête et qui vous réclament de quoi acheter du whisky, les éventuelles pannes mécaniques qu'il ne faut jamais sous-estimées et parfois les approximations des habitants pour vous indiquer la route, le tourisme au Kameroun est pittoresque, comblé de petits délices réguliers...

Alors quelques photos de mes modestes aventures des deux derniers dimanches. Les rochers de Mézesses vers la petite ville de Sangmélima, structure rocheuse en granit qui a le pouvoir d'exhaucer certains voeux. Cela n'a pas empêché les autorités locales a autoriser la destruction partielle du site pour récupérer la roche et bitumer la route locale. Les explosions ont aussi entraîné la fuite du gros gibiers et des singes du coin vers la forêt plus profonde. Du haut de ces rochers ont peu entendre tous les bruits de cette forêt. C'est assez fantastique !

Aujourd'hui, ce rocher continue a être découpé mais de façon beaucoup plus artisanale. Les "casseurs de pierre" comme on pouvait les appeler en Europe au XIXème siècle font du feu sous la roche et essayer de la fendre grâce à la chaleur. 






L'église de Foulassi. La légende officielle veut que l'hymne officiel du Kameroun ait été écrit par les élèves de l'école normale de cette toute petite ville. En réalité, c'est un pasteur français qui a fait travailler les élèves sur un le sujet de "l'avenir du Kameroun". Il en est sortie le texte suivant mis en poème :

« O Cameroun berceau de nos ancêtres
Autrefois tu vécus dans la barbarie.
Comme un soleil tu commences à paraître
Peu à peu tu sors de ta sauvagerie.
Que tous tes enfants du Nord au Sud ;
De l’Est à l’Ouest soient tout amour
Te servir que ce soit leur seul but
Pour remplir leur devoir toujours
Refrain :
Chère patrie; terre chérie;
Tu es notre seul et grand honneur
Notre joie et notre vie,
A toi l’amour et le grand honneur
Tu es la tombe ou dorment nos pères
Le jardin que nos aïeux ont cultivé.
Nous travaillons pour te rendre prospère ;
Un beau jour enfin nous serons arrivé.
De l’Afrique soit fidèle enfant
Et progresse toujours en paix
Espérant que tes jeunes enfants
T’aimeront sans borne à jamais »
Le « Chant de ralliement Kamerounais » fut adopté comme hymne national du Cameroun (loi du 5 novembre 1957). Seules les 4 premières phrases du premier couplet furent modifiées de l’original (loi du 20 mai 1970) par :
« O Cameroun berceau de nos ancêtres ;
Va debout et jaloux de ta liberté
Comme un soleil ton drapeau fier doit être
Un symbole ardent de foi et d’unité.
Que tous tes enfants du Nord au Sud ;
De l’Est à l’Ouest soient tout amour
Te servir que ce soit leur seul but
Pour remplir leur devoir toujours »

L'Eglise construite par des volontaires missionnaires américain a un petit côté construction romane des Cévennes qui ne laisse pas indifférent.




Le piton rocheux d'Ako-Akas perdu en pleine forêt équatoriale vers la frontière du Gabon. Il faudra que je retourne à cet endroit pour en faire l'ascension. Par manque de temps et un équipage pas très volontaire... je n'ai pas pu le faire. Ce n'est que partie remise.




Et enfin, une petite curiosité. Un véritable arbre à Palabre à Nkolandom... pas très loin de la ville d'Ebolowa, capitale de la région Sud du Kameroun.



Aujourd'hui c'est lundi et il faut se remettre à travailler, enfin... je me dois quand même d'écrire un petit texte sur la façon dont l'administration camerounaise fonctionne.

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